192 jours de voyage : le bilan

Écrire un bilan après 6 mois d’aventures est un exercice particulièrement difficile. Vous êtes nombreux à nous avoir posé des questions à notre retour : « Quel pays avez-vous préféré… si vous deviez en choisir un ? Quelles ont été vos pires galères ? Est-ce que le voyage vous a changé ? Et pour votre couple ? Qu’est-ce qui va être différent pour vous maintenant ? Et si c’était à refaire ? Est-ce que vous allez repartir ? Pas trop dur le retour après 6 mois de vacances ? » (VACANCES ?! Sérieusement ? On préfère « voyage » !)

Même si on les comprend complètement, comme vous vous en doutez, il est difficile pour nous de répondre à certaines de ces questions. D’une part, le bilan d’une aventure comme celle-ci est quelque chose d’assez personnel, nos ressentis à tous les deux sont forcément différents après une telle expérience. D’autre part, nos avis ne sont pas figés, il va nous falloir du temps avant d’assimiler ce que nous avons vécu.

Un autre regard

Se retrouver en immersion dans ces pays nous a permis d’avoir une certaine prise de conscience, que nous n’avions pas avant. Nous vivons dans un monde de possibilités, de superflu, pendant que leurs vies sont souvent régies par la contrainte. Notre vision du monde est très différente de la leur : beaucoup d’entre eux ignorent nos modes de vie, et en se retrouvant confrontés aux leurs, on peut parfois ressentir une certaine forme de culpabilité. 

Outre les apports culturels, historiques et langagiers (ahora podemos hablar un poquito espanol ^^), ce voyage a fait naître une prise de recul et une remise en question par rapport à notre environnement d’origine, ainsi que sur nos vies personnelles. Maintenant, on voit un peu mieux de quoi on parle lorsqu’on évoque le continent sud-américain. Savoir ce qui se passe ailleurs, et le voir de ses propres yeux ou le vivre, sont deux choses très différentes. 

Comme le disent si bien nos amis les Lyonceaux, « le voyage, c’est l’apprentissage de la culture de l’être et non de l’avoir », une idée que l’on essaie de garder en tête depuis notre retour. Sans pour autant être devenus des hippies révolutionnaires, on s’est rendu compte de la futilité d’un grand nombre de choses de notre quotidien, mais aussi à quel point nous avons tendance à nous encombrer de pensées, de situations, ou même de relations parasites. Cette expérience nous a permis d’éclaircir notre horizon…

Apprendre à relativiser et à s’adapter 

L’adaptation est une compétence que l’on a aiguisée tout au long de notre aventure : des galères de voyage, nous en avons connu quelques-unes en six mois. Heureusement pour nous, jamais rien de très grave, mais quelques situations inconfortables qu’il a fallu gérer rapidement, dans l’improvisation.

Le voyage nous a permis d’explorer certaines de nos capacités (comme monter à plus de 5000 m d’altitude ou manger un jarret de porc à 7h du mat ! Oui… on met ça au même niveau !) et de mieux connaître nos limites (par exemple : faire du snorkeling avec des requins… ou de la plongée).

Le voyage, c’est aussi sortir de sa zone de confort : perdre ses repères, communiquer dans d’autres langues, être entouré uniquement de personnes que l’on ne connaît pas, ne pas savoir forcément où l’on va dormir le soir-même, prendre certains risques, se dépasser, affronter nos peurs… Et ça, c’est l’une des plus grandes richesses du voyage.

Ce que l’on peut vous dire, c’est qu’après cette expérience, nous ne sommes plus tout à fait les mêmes. On aurait pu trouver cette expression un peu « cliché » venant d’autres voyageurs, mais aujourd’hui on mesure tout à fait la portée de ces mots.

La chance, un terme galvaudé

On nous a souvent dit qu’on avait beaucoup de chance. Il est vrai, nous avons la chance d’avoir grandi en France (même si on passe notre temps à critiquer notre pays ^^), d’avoir des métiers qui nous ont permis de faire ce voyage, mais surtout, d’être bien entourés, par des familles et amis compréhensifs et enthousiastes à notre projet (même si pour certains il a fallu un peu plus de temps) ! 

Nous avons également eu la chance que tout se passe au mieux pendant ces 6 mois : de ne pas avoir fait de mauvaise rencontre, ni eu de gros problème qui aurait pu mettre en péril notre voyage. 

Pour le reste, cela n’a rien à voir avec la chance. Tout est une question d’organisation, d’anticipation, et aussi un peu de courage. Celui de tout quitter : son appartement, son boulot, ses proches, son petit confort, de partir sur un continent que l’on ne connaît pas et sans parler un mot de la langue… 

Faire ce voyage, c’est aussi avoir eu l’audace de se lancer dans un projet pareil après seulement quelques mois de relation, pour partir un an et demi plus tard. Il faut dire que nous avions chacun des vies bien remplies avant notre départ et qu’il a fallu subitement vivre ensemble se supporter 24h/24. Alors même si la transition n’a pas été toujours facile, nous en sommes sortis grandis… à deux ! Effectivement, partir en couple pour vivre une telle expérience a été un véritable accélérateur de vie pour nous, un sacré challenge, un pari risqué, mais qui en valait la peine.

La parenthèse se referme

Écrire ces quelques lignes nous a fait réaliser l’envergure de ce projet et combien on se sent privilégiés d’avoir pu le vivre. Cette expérience restera comme une marque indélébile dans nos vies, quelque chose de gravé et qu’on ne pourra pas nous enlever, qui nous lie à jamais, quoi que nous réserve la vie. 

Après l’aventure que nous avons vécue, on ne peut que vous souhaiter de vous lancer vous aussi… car finalement, le plus dur, c’est de rentrer ! 

Alors, à qui le tour ?

Comme le dit si bien Mike Horn :

« Pour se mettre en marche, il suffit d’avoir 5% de réponses à ses questions, les 95% restants viennent le long du chemin. »

*** 

Nous avons dressé un bilan par pays, avec nos coups de cœur et les moments qui nous ont marqués (nos +) et ce que nous avons moins aimé, nos galères… (nos –) !

On vous laisse découvrir 🙂 

L’ARGENTINE (29 jours)






Nos + : 

  • Les fou-rires lors de notre 1er cours de tango avec Elizabeth & Matias à Buenos Aires
  • La sensation d’être au bout du monde, face à l’Antarctique, lors de l’excursion en bateau sur le canal de Beagle
  • Randonner sur le Perito Moreno et voir des blocs de glace de 60m de haut se décrocher du glacier
  • Se sentir tout petit face aux chutes d’Iguazu
  • Déguster un bon asado argentin (pour Boris) et se gaver de mil-hojas de dulce de leche (pour Joanna)

Nos – : 

  • Notre incompréhension totale face à l’espagnol des argentins, avec des « CH » partout 
  • L’amabilité peu perceptible de la plupart des argentins 
  • Les 19 heures passées dans un bus en panne au beau milieu de la Patagonie, le chauffeur ayant pris la fuite en stop
  • Les difficultés pour retirer de l’argent, à cause de la crise économique 
  • La grosse frustration de ne pas avoir vu le Fitz Roy (merci la météo) après avoir pourtant passé 3 jours à son pied

LE CHILI (35 jours)





Nos + :

  • Découvrir des paysages sublimes et variés à chaque étape du trek W (1er trek pour Joanna), avec mention spéciale pour le glacier Grey 
  • L’ascension éprouvante du volcan Villarica et la découverte de son cratère fumant, suivie de sa descente en luge : cauchemardesque pour Joanna, kiffante pour Boris !
  • Admirer le street art qui redonne vie aux vieux quartiers de Valparaiso
  • S’émerveiller devant les couleurs du désert d’Atacama : coups de cœur pour le pti’ dej au milieu des geysers, et pour la vue exceptionnelle depuis le mirador des Piedras Rojas 

Nos – :

  • Payer des tarifs exorbitants partout au Chili (notamment les nuits dans le parc Torres del Paine, pendant le trek W)
  • Vivre avec la pollution permanente de Santiago qui voile l’atmosphère et la vue sur la Cordillère des Andes
  • Bénéficier d’un couchsurfing mémorable chez Braulio (vous vous souvenez de la nuit dans le « cagibi » et de la fameuse douche ? C’était là…), on salue quand même sa gentillesse !

LA BOLIVIE (32 jours)






Nos + : 

  • S’émerveiller de la beauté des paysages du Sud Lipez : mentions spéciales pour la Laguna Colorada et les jolis flamants de James
  • Incontestablement : passer des heures dans le merveilleux Salar d’Uyuni, visité à 2 saisons différentes, avec une préférence pour l’incroyable effet miroir à la saison des pluies (le petit + : observer les éclairs se reflétant dans le Salar à la nuit tombée)
  • S’envoler pour 1500m de tyrolienne au-dessus de la canopé, à 85 km/h
  • Prendre des cours d’espagnol à 2€ de l’heure avec Faby : super utile !
  • Se perdre dans les marchés bouillonnants et atypiques (notamment le marché aux sorcières de La Paz avec ses fœtus de lamas)
  • Développer nos âmes d’aventuriers pendant une semaine d’immersion en Amazonie

Nos – :

  • Rendre visite au médecin de l’ambassade de France à La Paz suite à une réaction aux nombreuses piqûres de moustiques de Joanna (des hématomes partout) : un peu flippant !
  • Devoir ingurgiter une cuisine aux mélanges douteux et peu ragoûtants 
  • Mâcher de la coca à tout bout de champs pour atténuer les effets du mal des montagnes (du moins, c’est ce qu’on nous a fait croire !)
  • Subir la conduite dangereuse voire suicidaire des boliviens, notamment sur la route de la mort (qui porte bien son nom) qui a valu à Joanna une bonne gueulante et une descente express d’un taxi !

LE PÉROU (34 jours)







Nos + :

  • Arriver (en rampant, certes) au sommet de la Rainbow Mountain à 5200m d’altitude, seuls, et profiter des couleurs du paysage hors du commun 
  • Fêter les 30 ans de Boris dans la superbe ville de Cusco et profiter d’un super resto français (un bonheur après 4 mois de voyage !)
  • Découvrir (ou redécouvrir pour Boris) l’histoire de l’une des 7 Nouvelles Merveilles du monde : le Machu Picchu
  • Randonner dans la Cordillera Blanca et admirer les magnifiques lagunes aux eaux turquoises (nos 2 coups de cœur : la Laguna Paron et la Laguna 69)
  • Savourer des ceviches tous les 2 jours et boire des maracuya sour à volonté 

Nos – :

  • Passer la nuit en hypothermie sur les îles flottantes du lac Titicaca (3700m), et au refuge de la Laguna Paron (4500m) : on leur décerne la palme au classement des pires nuits du voyage !
  • Devoir manger un jarret de porc dans un bouillon au petit dej’ (après la fameuse nuit) à la Laguna Paron
  • Être obligés de partager un taxi pour 5 avec 9 personnes, au retour de la Rainbow Mountain

L’ÉQUATEUR (17 jours)







Nos + :

  • Surplomber la Laguna Quilotoa depuis le bord du cratère 
  • S’amuser à photographier les colibris en vol à Mindo
  • Fabriquer du cacao chez un petit producteur local
  • Se balader au milieu de la faune exceptionnelle des Galápagos (tortues, iguanes…)

Nos – :

  • Se faire entuber par une agence touristique sur les Galapagos
  • Le coût exorbitant des excursions aux Galápagos 

LA COLOMBIE (39 jours)







Nos + :

  • L’accueil et la gentillesse inégalables de tous les Colombiens, sans exception
  • Passer une journée à cheval à découvrir San Agustin et sa région
  • Le dynamisme et le renouveau de la comuna 13 à Medellin : l’un des quartiers les plus meurtriers au monde il y a encore seulement dix ans.
  • Avoir la chance de voir un défilé de baleines à bosse sur la côte pacifique 
  • Passer une nuit inattendue dans LA cabane du parc Tayrona qui surplombe les Caraïbes
  • Se relaxer dans les hamacs du petit paradis de Mundo Nuevo à Minca, loin de la chaleur étouffante de la côte 
  • Se régaler au restaurant dans une prison pour femmes de Carthagène 
  • Nager avec les tortues et les raies dans les eaux cristallines des îles San Andres et Providencia (coup de cœur pour l’îlot de Crab Cay)

Nos – :

  • Supporter la chaleur écrasante de la côte caraïbe
  • Avoir l’impression de risquer sa vie à chaque fois que l’on prend l’avion (merci les coucous de 19 places !)
  • Se payer un bon coup de stress lorsqu’ Erich nous a annoncé la perte de son appareil photo à Carthagène (qu’on a eu la chance de récupérer quelques heures plus tard !)
  • Manger de la banane plantain sous toutes ses formes, matin, midi et soir

LE BRÉSIL (6 jours)

 





Nos + :

  • Profiter du luxe et du confort d’un hôtel 4 étoiles surplombant la plage de Copacabana
  • S’émerveiller de la vue incroyable depuis le Pain de Sucre au coucher du soleil
  • Admirer les arcs-en-ciel dans la brume des chutes d’Iguaçu 

Nos – :

  • Ne pas avoir profité des plages de Rio à cause du temps maussade 4 jours sur 5
  • Supporter la mauvaise humeur de Boris qui a commencé sa déprime pré-retour !

Pour finir, voici un petit bilan chiffré de notre voyage…

33 168 kilomètres parcourus en Amérique du Sud, tout moyen de transport confondus
7500 photos prises pendant le voyage
5200 mètres : altitude record à laquelle on est montés (la Rainbow Mountain au Pérou)
192 jours de voyage
169 piqûres de moustiques pour Joanna en une journée
36 tampons supplémentaires sur notre passeport 
35 jours de randonnée 
10 kilos perdus en 6 mois (dont 10 par Boris… la vie est injuste)
8 requins croisés (dont 1 péché !) 
7 pays traversés
3 vrais jours de vacances (véridique !)
1 visite médicale chez le médecin (les fameuses piqûres de moustiques…)
0 regret !

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