La Cordillera Blanca

Lundi 3 juin

La nuit de bus de Lima à Huaraz ne fut pour une fois pas si mauvaise ! Avoir un siège qui s’incline à 180 degrés et Angry birds sur son écran, ça change tout ! 

Nous rejoinons nos deux petits bretons (Jeanne et Romain) dans leur auberge tenue par un français et décidons de poser nos valises pour 3 nuits. 

Huaraz est au pied de la Cordillera Blanca, une chaîne de montagne qui s’étend sur 180 km de longueur et comprend 35 sommets d’une altitude supérieure à 6 000 m, dont le Huascaran, son point culminant avec 6 768 m d’altitude. Un vrai paradis pour les alpinistes !

Avec notre modeste niveau, nous allons nous contenter de randonner vers quelques lagunes aux altitudes ne dépassant pas les 4600 m.

Nous passons la journée à organiser nos randonnées de la semaine de façon à s’acclimater progressivement, selon les conseils du propriétaire de notre auberge et de nos amis. Glad et Thibaud, merci encore !!

Accroché au mur de la cuisine, un dicton nous fait bien sourire : « En Amérique du Sud, tout est possible, mais rien n’est sûr ! ». Cette phrase s’est confirmée tellement de fois depuis que nous voyageons ! Depuis ce jour, nous ne cessons pas d’y faire référence ! 

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Mardi 4 juin

Pour se remettre en jambe tranquillement, nous commençons aujourd’hui par une petite randonnée de 3h à la laguna Wilcacocha. Elle est située dans la Cordillera Negra : une chaîne de montagnes située en face de la Cordillera Blanca. 

Au fur et à mesure de la montée, la vue panoramique sur la cordillère blanche se dévoile, avec ses sommets de plus de 6000 m enneigés. 

On nous a conseillé de nous armer de gros cailloux, apparemment quelques cabots agressifs rôdent dans les parages… n’est-ce pas Thibaud ?! ^^ (Thibaud est l’enseignant qui a repris la classe de Joanna après son départ, et qui s’est fait mordre par un chien pendant cette randonnée il y a quelques mois !)

Laguna Wilcacocha, la Cordillère Blanche en fond – 3 700 m
Ici, les canards ont le bec bleu !
Comme vous pouvez le constater, les chiens sont très agressifs !

Le soir même, nous retrouvons les gringos (Jeanne, Romain, Carole et Pierre-Yves, ces derniers rencontrés au Machu Picchu) pour manger… une fondue !! Dans un resto kitch au possible, un supposé suisse allemand propose des fondues avec du fromage péruvien… Évidemment, elles sont immondes (pour Boris) mais l’ambiance caquelon et vin blanc est plutôt marrante à 10 000 km de chez nous ! Joanna se régale, ravie de manger quelque chose qui ressemble enfin un peu à du fromage (selon elle) ! Nous passons une excellente soirée, et puis ça tombe super bien on n’a rien à faire demain on a une grosse rando à faire demain 😅 

Joanna qui dévore sa première fondue après 4 mois de voyage

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Mercredi 5 juin

Debout à 7h, le réveil pique ! Un colectivo va nous emmener au départ de la randonnée qui va jusqu’à la laguna Churup

La montée est longue et le soleil cogne fort à cette altitude malgré l’heure matinale. On prend le temps de s’acclimater progressivement.

Aux deux tiers de la montée nous arrivons vers un passage qui promet d’être sportif !
La randonnée se transforme en escalade sur plusieurs blocs rocheux… pas le choix, il faut y aller ! 

Petit aperçu de ce passage :

Après quelques sueurs froides sur la roche verglacée, nous arrivons enfin à la Laguna Churup ! On est heureux comme des rois 🙂 on l’a bien méritée cette lagune !

Nous voici presque seuls au monde, à 4450 m d’altitude…

Ouais… ça valait le coup !

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Jeudi 6 juin

Aujourd’hui, direction la laguna Parón ! Cette lagune, anciennement exploitée par une centrale hydroélectrique, n’est accessible au public que depuis octobre 2017 !

Nous devons d’abord faire une demi-journée de route depuis Huaraz pour y arriver. Boris s’est trouvé un nouveau passe-temps pendant les trajets : les selfies avec des péruviennes ! À leur insu bien sûr… c’est beaucoup plus drôle ! 

Nous arrivons en fin d’après-midi à la laguna Parón, sans avoir marché puisque la route monte jusque là. Nous prenons connaissance de l’endroit (splendide malgré le manque de luminosité !) et passons un bon moment à discuter avec le gardien et la cuisinière du refuge où nous serons les seuls à passer la nuit ! Cela promet une soirée… locale ^^
Ce refuge est en réalité l’ancienne station hydroélectrique.

Carmelo, le gardien, semble s’intéresser à la langue française… et particulièrement aux gros mots ! Joanna passe un bon moment à lui traduire du vocabulaire (pas seulement les gros mots ^^) et à lui apprendre la prononciation des mots… Il ne faut pas perdre la main, septembre approche !

S’en suivent quelques notes de violon de la part de Carmelo et un moment d’apprentissage de tours de magie par Joanna… en espagnol ! On vous laisse imaginer 😅

Après avoir avalé un repas douteux, nous sortons observer les étoiles. Loin de la ville et sans nuage à l’horizon, l’endroit est idéal ! La nuit est glaciale mais le ciel d’une clareté inégalée, on fait nos premiers essais à la photo de nuit et on est plutôt contents du résultat 🙂

On se sent tout petit face à l’immensité de l’univers, n’est-ce pas ?

Le froid est tel que nous baricadons notre lit de couvertures. Un lit pour deux évidemment, Joanna ne peut survivre à cette épreuve sans son chauffage d’appoint préféré ! Nous nous entassons dans notre cabane de fortune avec de petites bouteilles d’eau chaude en guise de bouillottes. Nous sommes parés à affronter cette nuit qui paraît d’ores et déjà très longue… 

À ce moment-là, nos pensées vont vers nos petits bretons qui passent leur première nuit sous la tente car ils entament le célèbre trek du Huayhuash sur 8 jours, trek classé numéro 2 mondial par National Geographic !

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Vendredi 7 juin

Après un réveil aux aurores, on nous sert un « petit déjeuner » local. Au Pérou (et comme dans beaucoup d’autres pays en Amérique du Sud) les locaux mangent du riz avec des œufs et de la viande en sauce… d’un goût… très prononcé.
Bon courage à 7h du mat 😅

Le ventre plein (ou vide pour Jo) nous grimpons jusqu’au mirador d’où nous avons un panorama grandiose sur la laguna Parón et les sommets et glaciers qui l’entourent.

Forcément, une petite séance photos s’impose !

La laguna Paron a une longueur de 3,7 km et une largeur de 700 m. Sa profondeur peut aller jusqu’à 75 m. C’est le plus grand lac de la Cordillère Blanche !

On nous propose ensuite un petit tour de 20 minutes en barque sur la lagune… nous n’avons pas hésité longtemps ! On n’a pas tous les jours la chance de traverser une lagune d’un turquoise éblouissant (complètement naturel bien sûr) à 4 155 m d’altitude !

Nous reprenons la route en fin de matinée en direction de Yungay, une petite ville tristement rentrée dans l’histoire en 1970.

Rétrospective :

Le 31 mai 1970la pire catastrophe de la Cordillère des Andes s’abat sur Yungay et sa région, il est 15h30 quand un séisme de magnitude 8 fait trembler la région. 

Le séisme fit s’écrouler une partie importante du Huascarán nord (le plus haut sommet du Pérou) qui surplombe Yungay.

Ce sont quelques 80 millions de m3 de glace et de roche qui dévalèrent la vallée à plus de 300km/h. Yungay fut rayée de la carte en 3 minutes ainsi que les 25 000 habitants de la zone… 😔

Dans toute la région, la catastrophe fit plus de 60 000 morts et 200 000 bléssés

La visite du mémorial situé sur les décombres de l’ancienne ville de Yungay est impressionnante. Après la catastrophe de 1970, aucune fouille ou recherche de corps n’a été faite et le site est déclaré cimetière national depuis.  

Nous visitons les lieux le cœur serré…

En fond, le Huascaran (ou plutôt ce qu’il en reste !)
Les palmiers marqués de bleu sont des survivants de la catastrophe, en blanc les nouveaux palmiers

Durant la visite nous rencontrons un rescapé du séisme, qui n’est plus tout jeune. Il nous raconte qu’il a perdu toute sa famille dans cette catastrophe : ses parents et ses 7 frères et sœurs. 

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Après cette visite bouleversante, on essaie de programmer tant bien que mal notre journée de demain. Objectif laguna 69 : la plus haute, et apparement la plus jolie…

Il nous faut d’abord trouver un moyen d’être à 6h au plus tard au départ du sentier de randonnée pour éviter la horde de randonneurs dans la matinée. Seulement, il y a 1h30 de route depuis Yungay !

Nous allons à la gare routière où, comme partout ici, tout est possible et négociable… Rappelez-vous « en Amérique du Sud tout est possible, mais rien n’est sûr » !

En réalité, aucun colectivo ne part avant 7h du matin… ce qui n’arrange pas nos affaires ! Plus loin, nous discutons avec un gars dans sa voiture (mais qui n’est en fait pas un taxi, on le comprendra plus tard) qui accepte de venir nous chercher à notre hôtel à 4h30 demain matin et de faire 1h30 de route pour nous monter au départ du sentier, tout ça pour 80 soles… une somme dérisoire ! Mauvais plan ou pas…? On est perplexe.

Après avoir conclu le deal, il nous prévient que c’est le jeune garçon à côté de lui qui fera la course… il doit avoir 16 ans tout au plus mais bon, on va tenter le coup ! Nous n’avons de toute manière pas d’autre solution…

Pas totalement convaincus de notre affaire, nous allons nous coucher tôt (20h30 ^^), le réveil est programmé à 4h du mat !

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Samedi 8 juin

4h30 : nous sortons de l’hôtel, notre petit chauffeur est bien là et il a visiblement dormi dans sa voiture ! 

Nous prenons la route… sa conduite est sportive et aléatoire, mais passons, on y est presque !

Nous arrivons au début du sentier sans encombres, entiers et plus tôt que prévu ! Il est 5h45 et il fait nuit noire… on a merdé ! Si on avait su, on aurait dormi une petite heure de plus 😅

On avale quelques biscuits archi secs achetés la veille avant de commencer à marcher à la frontale avec notre flash de téléphone, nos frontales n’ont plus de pile 😩 

C’est parti pour 3h de montée !

Le jour se lève finalement assez vite. Cette randonnée est particulièrement agréable : ruisseaux, fleurs, cascades et le Huascarán en fond composent un magnifique tableau. 

Nous voyons l’arrivée et la laguna 69 dévoile enfin son incroyable couleur. Nous sommes seuls, écoutons la glace craquer sous le soleil, c’est un moment magique… 

On aimerait que le temps s’arrête !

Nous restons une bonne heure et demie avant de redescendre et de croiser des colonies de marcheurs venus depuis Huaraz avec une agence. On est tellement contents d’être venus par nos propres moyens une fois de plus !

Après un peu plus de 2h de marche pour redescendre, nous prenons quelques taxis et colectivos pour retourner à Huaraz et prendre un bus de nuit dans la foulée direction Huanchaco, sur la côte. Ce fut une longue mais magnifique journée ! On peut même décerner la palme de la meilleure rando de la semaine à la laguna 69 !

On the road
C’est reparti pour une nuit dans le bus !

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Dimanche 9 juin

Ces quelques jours sur la côte pacifique avant la frontière équatorienne n’ont rien à voir avec la Cordillera Blanca on vous l’accorde, mais nous n’avions pas assez de matière pour en faire un article… on les raconte donc ici !

Arrivés à 5h du matin à Huanchaco, nous devons en premier lieu trouver un hostel ouvert avec une chambre disponible… pas facile !

Nous arrivons finalement à réveiller le concierge d’une auberge et c’est la tête dans le coltard qu’il nous accueille chaleureusement. Nous finissons (enfin… Boris) notre nuit puis passons la journée sur le bord de mer

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Lundi 10 juin

La grisaille nous convainc de passer la matinée à contempler le va-et-vient des vagues depuis un bar les pieds dans le sable. 

Cette étape à Huanchaco fut brève et inintéressante, mais reposante après notre semaine de randonnées à haute altitude. Cela nous a aussi permis de ne pas enchaîner 16h de bus !

Le soir même nous embarquons dans un bus 17 étoiles pour Mancora, à 9h d’ici, près de la frontière équatorienne.

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Mardi 11 juin 

Nous rejoignons notre copine Tanawel dans l’auberge qu’elle nous avait conseillée à Mancora, à deux pas de la plage : palmiers, hamacs et surfeurs… il y a comme un petit air d’Australie ! Nous n’aurions jamais pensé trouver cette ambiance au Pérou. Ce pays nous surprendra décidément jusqu’au bout…

Mancora est une petite ville connue pour être un spot de surf important sur la côte pacifique en Amérique du Sud. 

En attendant de pouvoir s’installer dans notre dortoir

Nous passons la matinée dans un bar en bord de mer pourvu d’une bonne connexion internet (chose rarissime ici) ! Nous en profitons pour organiser notre séjour en Colombie où nos parents nous rejoignent dans un mois ! 

Dans l’après-midi, après une pause plage et noix de coco, Joanna décide de tester un tatouage éphémère avant de se décider pour un vrai ! Mais ce n’est pas encore fait 🙂

Nous profitons du bar de l’auberge avec Tanawel pour la soirée, les pieds dans le sable, entre sushis et pisco sour maracuya (fruit de la passion)… la belle vie !

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Mercredi 12 juin

Ce matin, nous nous entassons dans une moto-taxi avec Tanawel pour aller dans un port à une quinzaine de kilomètres. Tout le monde fait ce trajet en voiture ou en bus, mais notre chauffeur de moto-taxi a accepté de nous emmener… on comprendra sur la route en se faisant doubler à vive allure par tous les véhicules que ce n’était pas la meilleure idée😅

Là-bas, des tortues vertes viennent grappiller les restes de la criée près du ponton. En payant un droit d’entrée, nous avons la possibilité de nager avec elles ! Et nous avons bien l’intention d’en profiter (enfin… surtout Boris) !

Nager entre les tortues avec Joanna terrorisée s’agrippant sur le dos de Boris et en poussant des petits cris (le coulant plusieurs fois) était un moment mythique ! Les pauvres bêtes ont bien dû se marrer… tout comme les péruviens sur le ponton d’ailleurs !

Nous passons cette dernière soirée au Pérou dans un excellent restaurant avec Tanawel (classé comme l’un des meilleurs restaurants du nord du Pérou) : poisson frais et pisco sour au menu ! 

Joanna et Tanawel (enfin en photo !)

Pour rappel, nous avons rencontré Tanawel dans une auberge au Chili (à Puerto Varas) ! Depuis, nous avons eu la chance de nous recroiser de nombreuses fois, ayant le même parcours ou presque 🙂 Mais cette fois-ci c’est bel et bien la dernière (ici en tout cas) puisqu’elle rentre en France la semaine prochaine…

En fin de soirée nous prenons le bus pour la ville de Cuenca en Équateur

Ces 5 semaines au Pérou nous ont permis de découvrir un pays aux multiples facettes. Plonger dans la culture inca, s’extasier devant des paysages grandioses ou simplement flâner sur une plage de sable fin ne sont qu’une infime partie de ce qu’offre ce pays qui nous a surpris de jour en jour !

4 réflexions sur “La Cordillera Blanca

  1. Encore une fois, vos photos sont magnifiques et prouvent à quel point vous êtes téméraires, organisés, des aventuriers qui vont au bout de leurs rêves, affrontant le froid, la fatigue, les nuits courtes ou longues dans les bus etc…
    Depuis quelques jours nous voyageons avec vous et bien que le parcours soit adapté aux séniors nous nous rendons vraiment compte de toute l’organisation nécessaire à votre aventure. Le temps consacré au blog et publications diverses , vos recherches, vous prennent encore des heures de sommeil et tout ça pour nous faire partager votre voyage. Merci à vous deux, nos héros!

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    • Merci maman ❤️
      On est tellement contents de pouvoir vous faire partager un bout de notre quotidien depuis quelques mois ! Merci de nous avoir fait confiance 😘

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  2. Je suis tout à fait d’accord avec ta maman ! Quel travail doit vous demander ce blog ! Pour nous c’est un réel plaisir, même plus que cela, une chance de voyager dans notre quotidien. On a l’impression d’être avec vous et nous vivons les émotions à travers vos photos!
    Gros coup de coeur pour la laguna 69 !!

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    • Merci ma Vevette 😘❤️ c’est adorable !! On a la chance d’avoir une famille comme ça et des amis comme toi, qui prennent autant de plaisir à nous suivre et à nous lire… ça nous fait vraiment chaud au cœur !!

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