De Potosi à Coroico

Samedi 20 avril

Après avoir passé la nuit à Uyuni, ville sans intérêt que nous connaissons déjà, nous prenons le bus pour Potosi, ville connue pour ses mines d’argent, de plomb et de zinc.

Les colons ayant rempli les caisses de la couronne d’Espagne pendant des centaines d’années grâce à la mine de Potosí, celle-ci n’est plus aussi prolifique que jadis. Aujourd’hui, les mineurs s’organisent en coopératives et le bénéfice de leur travail leur revient entièrement. Par contre les conditions de travail, elles, n’ont pas changé depuis deux cent ans…

C’est un ancien mineur, Ricardo, qui nous emmène dans l’antre du diable. Ici, les mineurs creusent la montagne pour chercher principalement de l’argent. 

Il nous montre tout d’abord l’endroit de prédilection des mineurs : une épicerie au coin de la rue pour acheter des feuilles de coca, de l’alcool à 95° et de la dynamite, que nous donnerons aux mineurs que nous croiserons un peu plus tard.

Chargés dans le minibus, nous grimpons sur les flancs du Cerro Ricco,  »la montagne riche », comme l’ont baptisée les espagnols. Nous nous arrêtons à la hauteur d’une cabane où quelques bambins gambadent. On apprendra ensuite que c’est une veuve et ses enfants qui y vivent. Ils sont condamnés à vivre ici depuis que le père est mort à la mine l’année dernière. Ils reçoivent un petit pourcentage de ce que les mineurs gagnent en guise de rente mais vu l’état des enfants, on s’imagine bien que celle-ci est maigre…

On respire un grand coup et c’est parti, nous nous enfonçons dans un tunnel dont l’éclairage est inexistant, seules nos loupiotes vissées sur le casque nous éclairent partiellement.

Cette visite de la mine est aussi un vrai challenge pour nous, ceintures noires de chlostrophobie ! 

Ricardo nous présente un petit autel dans un recoin, où les mineurs viennent chaque matin honorer le dieu de la mine en lui déposant des feuilles de coca, de l’alcool et des cigarettes. Ici, ils prient pour leur salut et l’implorent de faire leur fortune en balbutiant quelques paroles en Quechua, que nous ne saurions vous retranscrire.

Nous ne rencontrons pas de mineur en plein travail, car c’est le week-end de Pâques, il n’y a personne dans la mine. La religion catholique a une place très importante dans la vie des sud-américains.

Mais nous pouvons imaginer les tunnels grouillant d’hommes casqués creusant la roche, de chariots, de brouettes, le tout dans un boucan d’enfer et une atmosphère difficilement respirable. 

Ici les hommes travaillent principalement à la main : au burin, à la pioche et à la dynamite pour extraire le minerai.

Les normes de sécurité sont inexistantes, la ventilation archaïque (quelques conduits verticaux sont creusés jusqu’à la surface) et les mineurs s’éclairent à l’aide de leur torche vissée sur le casque. 

Ils souffrent du manque d’oxygène, inhalent de la poussière toute la journée et développent des maladies cardio-vasculaires, sans compter les risques d’éboulements.
Un mineur à Potosi a une espérance de vie d’une cinquantaine d’années, alors que leur retraite est à 53 ans…!

À la fin de la visite, Ricardo nous propose de faire exploser un morceau de paroi comme le font les mineurs. Il a travaillé 16 ans dans la mine, il semble parfaitement savoir ce qu’il fait… 

Il prépare son explosif , allume la mèche et va placer la dynamite. Nous courons nous réfugier sous un abri spécifique (la roche est simplement protégée de quelques poutres en bois) et dans un résonnement assourdissant, nous sentons le sol et les parois trembler autour de nous. L’idée de périr ici, ensevelis sous 500 m de roches, nous effleure évidemment l’esprit !

Juste après l’explosion, Ricardo nous avoue ne pas avoir vraiment le droit de faire ce qu’il vient de faire avec nous… et nous demande de garder le secret (comme vous le constatez, c’est exactement ce qu’on a fait !)

C’est avec soulagement que nous sortons de la mine après cette montée d’adrénaline

La découverte de ce monde méconnu qui est celui des mineurs a été quelque chose de fort. La visite de ces mines est controversée (pouvant s’apparenter à du voyeurisme), nous ne regrettons pas pour autant d’avoir pu découvrir la terrible réalité du premier maillon d’une chaîne, qui va de la mine jusqu’aux présentoirs des boutiques de luxe. 

À nous maintenant de regarder à deux fois avant d’acheter un bijou ou au moins de se renseigner sur la provenance de la matière de base… 

En fin d’après-midi nous reprenons le bus pour la ville de Sucre, capitale constitutionnelle de la Bolivie ! 

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Du dimanche 21 au mercredi 24 avril 

Pendant 3-4 jours, nous profitons de la jolie ville de Sucre pour nous reposer dans notre super auberge, flâner dans les ruelles et faire des petits restos sympas avec nos copines Gaëlle et Tanawel, car ces dernières semaines ont été assez intenses. 

Plaza 25 de Mayo

On en profitera pour prendre des cours d’espagnol avec Faby, une bolivienne qui parle aussi français. N’ayant jamais appris l’espagnol auparavant, nous avions grand besoin de clarifier nos apprentissages des dernières semaines ! Ces six heures de cours en tête-à-tête avec Faby nous ont été plus que bénéfiques !

Ahora podemos hablar un poquito más español 😊

Catedral Basilica de Nuestra Senora de Guadalupe

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À défaut de pouvoir aller dans le parc Torotoro plus au nord pour voir des traces de dinosaures, nous allons visiter le parc du Crétacé de Sucre. 

Environ 5000 traces de dinosaures ont pu être découvertes sur cette « paroi » d’1 km de long. On vous explique !

Il y a 65 millions d’années, les créatures ont laissé des traces sur cet ancien littoral marécageux. Ces traces ont ensuite été solidifiées par des périodes ultérieures de sécheresse. L’activité tectonique générée pendant des millions d’années a poussé le terrain jusqu’à atteindre une parfaite verticalité. Même si la pluie en a fait tomber une partie, la paroie reste exceptionnellement bien préservée. 

Mercredi 24 avril au soir, nous prenons un bus de nuit direction La Paz.

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Du jeudi 25 au lundi 29 avril

Après une journée de shopping/souvenirs à La Paz (pour le plus grand plaisir de Joanna !), et la visite du musée de la coca, nous nous rendons sur les hauteurs de la ville, dans un quartier nommé El Alto. Le but de notre venue est de trouver le lieu de spectacle des Cholitas Wrestling : du catch de boliviennes en tenue traditionnelle ! Atypique n’est-ce pas ? Après 2 bonnes heures de recherche sur ce plateau à plus de 4000m d’altitude (et un gros raz-le-bol), nous trouvons un vieil hôtel transformé en appât à touristes, où le show est prêt à commencer. 

El Alto

Tour-à-tour, les Cholitas attaquent, ripostent, déstabilisent leur adversaire, chutent et se relèvent. Elles prennent appui sur les cordes du ring pour donner plus de puissance à leurs offensives tandis que leur polleras (nattes) volent autour d’elles. Souvent le ring se fait trop petit. Alors elles jettent l’adversaire à terre, qui parfois atterrit à quelques centimètres du public. 

Bien évidemment, même si certaines prises sont très impressionnantes, tout cela ne reste qu’un spectacle grotesque bien préparé ! Nous aurons quand même bien ri pendant une bonne heure, avec notre amie Gaëlle !

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Le lendemain nous décidons de réserver, après avoir longuement hésité, une journée de descente à VTT sur la fameuse « route de la mort ».

La route de la mort est un tronçon de plus de 30 km entre La Paz et Coroico, tristement célèbre pour sa dangerosité. C’est avec une envie très modérée que Joanna accepte de suivre Boris dans cette descente infernale !

Nous sommes une douzaine à être harnachés comme des gladiateurs et nous nous élançons sur une première portion bitumée, histoire de se familiariser avec le vélo. 

25 km plus loin, nous arrivons à l’embranchement fatidique. La route parfaitement asphaltée se transforme en piste caillouteuse de la largeur d’une voiture.
Bienvenue sur la route de la mort !

Le paysage change, les degrés s’envolent et les suspensions de compétition font parfaitement leur travail. La brume s’accroche à la montagne, ce qui nous empêche de voir le vide abyssal à quelques mètres de nous. Joanna s’accroche aux freins de son VTT et implore le dieu Poulidor d’arriver entière après ces plus de 3000 mètres de dénivelé négatif.

Les guides nous font faire une petite pause avant le passage le plus impressionnant. Ils  nous racontent un accident à cet endroit qui a coûté la vie à 120 personnes quelques années en arrière.

Un camion descendait la route avec dans sa benne 120 ouvriers. Le chauffeur y était allé un peu fort sur la tisane avant de prendre la route et bien évidemment, le camion a glissé dans le vide dans ce virage critique. Quand on pense à la taille du camion, il n’aurait même pas dû imaginer une seule seconde prendre cette route. En Bolivie, comme nous avons pu en témoigner à de nombreuses reprises, la sécurité routière est entre les mains de Dieu… un petit signe de croix avant de démarrer, et le tour est joué !

Vous imaginez un camion, là ?

Aujourd’hui, ce sont les touristes inconscients qui remplissent les colonnes de faits divers : une israëlienne qui se prenait en selfie en vélo a loupé un virage, un canadien persuadé d’être un cador a voulu aller plus vite que tout le monde et fit un saut de l’ange dans un virage serré… Il existe malheureusement des tas d’histoires de ce genre !

Après ces informations rassurantes, c’est à notre tour de nous élancer dans ce virage. La route devient très étroite et boueuse car des fines cascades dégringolent de la falaise. Avec la végétation abondante, la brume et les cascades, le décor est digne de Jurassic Park ! 

La suite de la route est moins dangereuse, nous nous enfonçons dans la vallée, le mercure grimpe, nous traversons des rivières et croisons de magnifiques papillons géants.

Jusqu’à ENFIN arriver au bout, après 64 km de descente au total ! 

On est assez fiers d’avoir réussi, surtout Joanna, tétanisée sur ses freins durant presque toute la descente !

L’après-midi se termine autour d’un buffet dans un joli hôtel avec piscine… Le cadre est superbe !

Après l’effort, le réconfort !

Nous disons au revoir à notre équipe de cyclistes retournant à La Paz, et sautons dans un taxi direction Coroico, quelques kilomètres plus loin. 

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Coroico est une petite ville perchée sur un promontoire rocheux, la vue sur les environs est splendide. Les plantations de café et la végétation luxuriante de la région donnent l’impression d’être aux portes de l’Amazonie !

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Le lendemain, nous visitons un refuge animalier nommé « La Senda Verde » dans un village en contrebas. Ici, des volontaires s’occupent des animaux recueillis, en mauvaise santé, blessés au bord des routes, abandonnés par leur mère ou victimes du trafic animalier. En 5 ans, le nombre d’animaux recueillis a quadruplé, la Bolivie étant malheureusement un pays où le trafic d’animaux sauvages est très répandu.

On y trouve des ours à lunettes, des jaguars, des singes, des crocodiles, des serpents, des iguanes, des tortues, des capivaras, des tapirs, des sangliers et surtout de nombreux oiseaux aux magnifiques couleurs. (Le vert/jaune/orangé du milieu est par exemple revendu à plus de 10 000 USD par les trafiquants !)

Une expression étrangement humaine !

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S’en suis l’après-midi d’une traversée de la vallée en tyrolienne : Zip the flying fox, la plus longue de Bolivie ! Elle est composée de 3 tronçons d’environ 500 m, soit 1,5 km au total. Nous sommes positionnés en superman, à plat ventre accrochés au câble, accompagnés d’un guide qui gèrera le freinage. Nous nous élançons, la peur au ventre !

Cette expérience est l’une des plus folles en matière d’adrénaline, que nous ayons faite depuis le début du voyage !

Pour vous la faire partager, nous vous avons concocté une petite vidéo 🤗

Après ces dernières journées sportives, nous rentrons à La Paz, avant de nous envoler pour l’Amazonie bolivienne !

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