D’El Chaltén à Los Antiguos (Argentine)

Samedi 2 mars

La route entre El Calafate et El Chaltén est absolument splendide. Guanacos, lagons… difficile de faire autre chose qu’admirer les paysages qui défilent sous nos yeux. 

Digne de la Polynésie, la chaleur en moins !

Les contours du Fitz Roy commencent à se dessiner au loin, au fur et à mesure que nous avalons les kilomètres. Destination El Chaltén, petite ville connue pour être le rendez-vous des marcheurs et alpinistes venant défier les lois de la gravité sur les parois du célèbre sommet.

Nous arrivons sous un soleil radieux. Joanna en profite pour faire une photo du fameux Fitz Roy, on ne savait pas encore à ce moment-là qu’on ne le reverrait pas…

Cerro Fitz Roy

Même en fin de saison, les hébergements sont tous complets, nous avons donc dû nous rabattre sur le dernier hostel disponible dans des prix acceptables : une sous-gamme de refuge de montagne.

En effet, à partir de maintenant, nous n’avons plus rien de réservé à l’avance. Ni les bus, ni les hébergements, ni les excursions… l’aventure au jour le jour !

Quelle surprise en arrivant dans notre auberge dans l’après-midi… notre hôte n’est pas là. En le cherchant, Boris se fait attaquer par le chien (pas de morsure, ouf !)

Le « salon » est très sombre, le dortoir minuscule et les lits en hauteur quasiment inaccessibles, la salle de bain commune d’une propreté discutable… 

Mais trop tard, nous avons réservé pour 3 nuit…. ça va être long !

Nous achevons le premier mois en Amérique du Sud et notre corps réclame un peu de repos. Peut-être qu’il est difficile pour vous de lire ces mots, mais le rythme intense de ce début de voyage est bien réel. Nuits difficiles dans des bus, alimentation en dents de scie, poids des sacs, tendinite au tendon d’Achille, trek et courbatures ont eu raison de nous. Nous nous prévoyons un petit luxe pour la journée suivante : quelques heures au spa !

Dans la rue, nous croisons de nouveau Blandine et Mickaël (rencontrés à Ushuaïa), et c’est avec plaisir que nous partageons un dernier repas ensemble !


Dimanche 3 mars 

Comme prévu, détente et repos sont au programme ! On teste la cryothérapie pour les jambes (les minutes sont longues..!) et un massage intégral dans un fauteuil massant (trop bon !) avant de mariner dans un jacuzzi aromatisé de divers huiles essentielles… les montagnes en fond, moment EXQUIS !

Lundi 4 mars 

Ce matin, direction la Laguna de Los Tres, une magnifique rando qui monte jusqu’au Fitz Roy.

Mais désenchantement après 2h de marche, il commence à neiger… Le premier point de vue sur le Fitz Roy est complètement obstrué par de gros nuages, on ne le devine même pas.

Le Fitz Roy au fond à droite, faites marcher votre imagination 😉

Nous pique-niquons à cet endroit afin de voir comment la météo évolue, mais malheureusement c’est de pire en pire : vent, neige, froid… nous décidons de rebrousser chemin. 

Le soir, nous retrouvons Véro notre roommate. Véro, elle est corse, elle fait des pizzas dans son camion à Ajaccio, et elle est trop fun !! Elle est en Patagonie pour un mois, et déteste autant que nous notre auberge, ce qui créé rapidement des liens ! Nous passons une super soirée en sa compagnie en savourant un bon plat de pâtes dans un resto du coin. 

A défaut de faire des randos, on fait des restos… et c’est pas bon pour nos kilos !

Mardi 5 mars et mercredi 6 mars (soit la plus longue journée de notre vie !)

Journée sans grand intérêt, le soleil n’est toujours pas au rendez-vous, nous écumons les bars en quête de wifi (parce qu’on a quand même un blog à tenir !) et réservons une excursion à la Cueva de las Manos pour le lendemain.

21h : nous prenons le bus direction Los Antiguos, ville frontalière avec le Chili, sur les rives du lac General Carrera. Nous sommes maintenant bien rodés pour ces trajets de nuit. 6h après le départ d’El Chaltén, à 3h du matin, notre bus s’arrête au bord de la route. On se réveille, des regards interrogés se croisent… on questionne nos voisins. Apparemment, une pièce du moteur a sauté, dû au choc de la route non asphaltée. Résultat : impossible de repartir ! Le conducteur essaie de rassurer tout le monde en vantant la réactivité de la compagnie, qui, selon lui, va nous envoyer un bus de secours rapidement. Nous sommes au beau milieu de la steppe Patagone, à 4 bonnes heures de route de Los Antiguos. Seul le spectacle de la voix lactée et de ses astres nous donne un peu de réconfort ! 

Nous essayons tant bien que mal de nous rendormir, mais c’est sans compter notre prévenant chauffeur qui laisse le moteur tourner, le chauffage à fond et un bip bip assourdissant qui sort d’on ne sait où…

Les heures défilent et nous sommes toujours coincés dans ce foutu désert. On s’étonne de la sérénité des autres passagers et du calme ambiant. Nous n’osons même pas imaginer ce que pourrait donner une situation pareille en France… nous sommes champions du monde certes, mais pour râler aussi !! 

Nous avons quand même la chance d’assister à un sublime lever de soleil depuis notre nouvelle demeure.

Sunrise from the bus

La matinée défile, chacun vaque à ses occupations : dormir, faire des kilomètres pour aller aux « toilettes », et pour Joanna : apprendre tous les mots qui commencent par A et B dans son dictionnaire d’espagnol ! Comme le dit si bien Edward Young : Si l’ennui nous gagne, courons au travail : le remède est infaillible !

Déjà 7 heures que nous sommes arrêtés sur le bord de la route… on sort se dégourdir les jambes !

Dans la matinée, depuis notre fenêtre, nous assistons au départ soudain de notre conducteur en auto-stop… tiens donc ! Dubitatifs, nous le voyons disparaître au loin. 

13h : Alleluia !! C’est bien un bus que nous voyons à l’horizon ! Il s’arrête : c’est bon, c’est pour nous !! Chacun doit trouver sa place, car notre bus de sauvetage est déjà plus ou moins rempli ! Transferts des bagages, des passagers, des vélos, et c’est parti !

Plus que 3 bonnes heures de route…!
Arrivée à Los Antiguos : capitale nationale de la cerise !

Nous arrivons vers 16h à Los Antiguos, rebookons directement l’excursion à Cueva de las Manos que nous avons loupée, pour le lendemain. Nous sommes très bien accueillis chez Nahuel notre hôte, Joanna profite d’un moment d’extase : une loooongue douche BIEN CHAUDE ! Le bonheur !

Jeudi 7 mars 

L’excursion commence par la visite d’une vallée très colorée, dont les différents pigments minéraux ont teinté la roche. C’est de ces roches dont les peuples autochtones se servaient pour préparer leurs peintures et les utiliser ensuite à une vingtaine de kilomètres plus loin, dans la Cueva de las Manos. 

La Cueva de las Manos est un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour l’importance de ses peintures rupestres. C’est aussi l’un des premiers et plus importants sites d’installation de chasseurs-cueilleurs d’Amérique du Sud.

On ne sera pas seuls pour la visite…

Le site est situé dans un impressionnant canyon, loin de tout, où court au fond le Rio Pinturas, une jolie rivière bordée de saules. Ce n’est pas étonnant que des peuples nomades se soient installés (momentanément) dans cette superbe vallée. Ils avaient de l’eau, de la végétation et très certainement de nombreux guanacos et ñandus (ou Nandou de Darwin en français, animal de la même famille que l’autruche) comme source d’alimentation.

Guanacos
La Cueva de las Manos

Les peintures sont très bien conservées grâce à la falaise qui les abrite de l’eau et du soleil ainsi que le climat très sec de la région (aucune formation de champignons).

Plus on progresse sur le chemin et plus on avance dans le temps. En effet, les peintures rupestres les plus éloignées de l’entrée sont aussi les plus modernes. On le voit très nettement, car les peintures sont plus nettes et la peinture est plus vive. Elles n’ont pas subi les outrages du temps comme les plus anciennes. 

Peintures les plus anciennes, moins bien conservées…
Cette prise de vue est la plus connue ! Elle ne vous dit rien ?
Empreintes les mieux conservées

Il semblerait, d’après les éléments retrouvés sur place, que la grotte était occupée il y a plus de 13 000 ans et jusqu’à il y a 1000 ans. 

Les peintures les plus anciennes datent d’il y a 9000 ans, les plus récentes d’il y a 1300 ans. Ces données précises ont été effectuées grâce à la technique de datation au carbone 14.

Curiosités…
Certaines empreintes de mains n’ont pas 5 doigts. Est-ce que son auteur était blessé ? Est-ce qu’il avait une malformation ? Ou alors était-ce juste un petit farceur ? On ne sait pas… Il y a aussi une trace de main à 6 doigts et une de 3 doigts allongés ! S’agirait-il d’extraterrestres ? Pour celle de 3 doigts, il s’agit en fait de traces de pattes de nandus (sorte d’autruche).

Au centre en orange, la main à 6 doigts
Scènes de chasse, empreinte de nandu (au centre)
Probablement l’empreinte de quelqu’un d’important, peut-être un chamane…

Les outils utilisés :

  • des os creusés pour souffler la peinture
  • des pelotes de poils de guanacos pour tamponner

Nous pouvons constater trois techniques :

  • le négatif : la peinture était soufflée ou tamponnée autour de la main
  • variante du négatif : la peinture était d’abord étalée sur la paroi, une fois sèche, avec une autre couleur ils faisaient l’empreinte de leur main (photo ci-dessous)
  • les mains positives : obtenues en appliquant la main enduite de peinture sur une paroi

La journée se termine par une une balade au fond d’un autre canyon où une croûte de sel s’est formée après l’évaporation d’un lac.

Un avant-goût du salar d’Uyuni version sèche ?

Demain, l’aventure continuera côté chilien sur la célèbre Carretera Austral !

Petit bilan :
– Déjà 1 mois que nous sommes en Amérique du Sud !
– On s’habitue à prendre la douche avec les tongs !
– On ne s’habitue pas à refaire et défaire nos sacs à dos presque tous les jours…
– On ne s’habitue pas aux frais bancaires exorbitants au Chili et en Argentine…
– Une grande partie de nos fringues a rétréci au lavage ! Ou alors on a vraiment abusé sur les restos…
– À force de parler anglais avec tous les backpakers rencontrés en Patagonie, notre espagnol lui n’évolue pas beaucoup..!
– On a pris une bonne résolution : 10 mots à apprendre en espagnol chaque jour + retour sur l’application Duolingo !
– On kiffe ne plus avoir de contraintes professionnelles, rencontrer des gens hyper cool et en prendre plein la vue tous les jours ! Pourvu que ça dure !

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