Le glacier Perito Moreno


Jeudi 28 février 

Nous arrivons en début d’après-midi à El Calafate, déposons nos affaires dans notre charmante auberge, puis descendons rapidement au centre-ville trouver de quoi grignoter. Passage obligé pour accéder au glacier Perito Moreno, El Calafate profite pleinement de l’attraction touristique de celui-ci. En effet, la rue principale est bordée de restaurants et bars, de petites boutiques de souvenirs, le tout en bois et pierres de la région. Cette petite ville a beaucoup de charme et nous comprenons pourquoi certains voyageurs s’y arrêtent plus longuement.
Après avoir dû louer une paire de gants pour l’excursion du lendemain (comme demandé par le tour opérateur, alors qu’ils en prêtaient sur place !), nous filons au Glaciarium : un musée sur les glaciers dans le monde et leur évolution.

Vendredi 1er mars

Aujourd’hui est un grand jour, nous partons en excursion sur le glacier Perito Moreno, nous attendions ce moment avec impatience !


C’est sous la grisaille que nous commençons le trajet en bus qui nous emmène au glacier qui se trouve à 78 km d’El Calafate, dans le parc national Los Glaciares. Sachant qu’ici la météo est particulièrement variable, nous restons optimistes pour le reste de la journée. Et par chance, après une bonne heure de route, nous découvrons le géant de glace sous un soleil radieux !


Quelques informations pour mieux comprendre les particularités du Perito Moreno :
Ce glacier est baptisé du nom de l’explorateur Francisco Moreno (perito signifiant « expert ») qui a étudié cette région au XIXème siècle et joua un rôle majeur dans la défense du territoire argentin, notamment dans les discussions pour la délimitation de la frontière avec le Chili.

Avec une longueur de 30 km pour 5 km de large, il fait partie des 48 glaciers alimentés par le champ de glace Sud de Patagonie que l’Argentine partage avec le Chili.Sa hauteur est d’environ 170 m dont on ne peut voir que 50 à 60 mètres, le reste étant immergé sous les eaux du lac Argentino. À certains endroits, son épaisseur peut atteindre 700 mètres.

Le glacier Perito Moreno est l’un des trois seuls glaciers de Patagonie qui n’est pas en recul. Nous allons vous expliquer pourquoi.

Ce glacier avance d’environ deux mètres par jour (soit environ 700 mètres par an) ! En effet, grâce à d’importantes chutes de neige tout au long de l’année, toute la partie haute du glacier (qu’on appelle zone d’accumulation), est approvisionnée en continu. Avec le temps, cette neige devient de plus en plus dense et se transforme en glace, la masse devenant de plus en plus lourde et l’eau circulant dans le glacier poussent celui-ci en avant. À l’aide du soleil, des températures clémentes en été (de décembre à mars) et du travail continu du glacier, des blocs de glace se disloquent et tombent dans le lac régulièrement. Cela se produit davantage l’après-midi avec l’accumulation de la chaleur. Ces deux phénomènes se compensent et font que les dimensions du Perito Moreno sont pratiquement constantes.

Cependant, le front du glacier avance légèrement sur le lac face à la péninsule de Magellan. Quand il atteint la rive opposée, il divise le lac en deux en se comportant alors comme un barrage naturel. Le niveau des eaux du bras Rico du lac Argentino montent alors jusqu’à trente mètres et commencent à entailler le glacier en formant un tunnel. Devenant moins résistant, celui-ci cède sous la pression. Cet effondrement spectaculaire du front du glacier a lieu périodiquement mais la fréquence de ce cycle est irrégulière et peut prendre d’un an à une décennie. Le dernier effondrement date du 11 mars 2018, date dont on se souvient car jour des 20 ans de Clément le frère de Jo, big up à toi 😉
Si ça vous intéresse, cliquez ci-dessous pour voir un de ces effondrements en vidéo !

11h : Quel spectacle incroyable de voir cette muraille blanche aux reflets bleus depuis le bateau qui nous emmène sur l’autre rive. Du fait de son mouvement continu, nous entendons la glace travailler, craquer et apercevons déjà quelques blocs de glace tombant dans l’eau. 


La guide attribuée, c’est le moment de chausser nos crampons (d’un autre âge) et de s’attaquer aux pentes givrées du Perito Moreno. Le cadre est splendide, mais perd un peu de sa magie au vu du nombre de cramponnés qui circulent ici et là. 


Chaque passage se différencie d’un autre par la forme que prend la glace, l’intensité des couleurs ou le ruissellement des cours d’eau qui creusent la masse.


Une question nous vient à l’esprit, et on est sûrs que vous vous l’êtes posée aussi : pourquoi la glace est-elle bleue ?

La lumière du soleil est formée par un spectre d’ondes électromagnétiques comprenant toutes les couleurs et qui, ensemble, donnent une lumière blanche. La neige est composée de millions de flocons et d’air ce qui donne beaucoup de surface réfléchissante et ce qui permet à pratiquement toutes les ondes qui composent la lumière de se réfléchir. La neige apparaît donc blanche. Les glaciers sont composés de neige tassée, compactée, compressée depuis de nombreuses années. Plus la glace est compacte, moins il y a d’air et de surface réfléchissante. Il n’y en a plus assez pour que les couleurs à grande longueur d’onde (rouge, jaune, vert) soient réfléchies. Elles sont absorbées par la glace. Seul le bleu qui a une fréquence plus courte est réfléchi. Les glaciers apparaîtront donc plus ou moins bleus selon le degré de compacité de la glace. On pourrait donc résumer en disant que plus la glace est ancienne, plus elle est dense et compacte (donc contient moins d’air), plus elle est bleue.


Retour sur la terre ferme après une trop courte heure de marche, nous nous baladons maintenant sur les passerelles qui longent la péninsule de Magellan. De là nous avons une vue panoramique sur le glacier. 


Nous avons la chance de pouvoir assister au décrochage de plusieurs tours de glace, dont certaines de la taille d’un immeuble, tombant dans l’eau dans un fracas assourdissant. 

Nous rentrons à El Calafate en fin d’après-midi, le sourire aux lèvres. Cette journée a été largement à la hauteur de nos attentes ! Demain, direction El Chaltén…

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