La côte caraïbe

Vendredi 26 juillet

Après une courte nuit dans la chaleur étouffante de Santa Marta sur la côte caraïbe, nous voilà prêts à partir pour 2 jours d’exploration dans le parc Tayrona

Le gérant de l’hôtel nous propose de laisser nos gros sacs jusqu’à notre retour, ce qui nous permet de partir avec le minimum syndical sur les épaules !

Après avoir fait le plein d’eau et d’anti-moustique, nous sommes prêts pour explorer le fameux parc Tayrona, l’un des lieux les plus visités de Colombie.

Il se situe au cœur de la Sierra Nevada, la plus haute chaîne côtière du monde, dominée par le pic Cristóbal Colón et ses 5700 m.

Il doit son nom à une grande civilisation précolombienne : les tribus Taironas. Elles peuplaient la région avant l’arrivée des espagnols au 16ème siècle. Des vestiges archéologiques de ce peuple amérindien sont toujours visibles aujourd’hui à l’intérieur de cette zone.

Le parc compte aujourd’hui plusieurs sanctuaires où se réunissent régulièrement les 4 communautés de descendants des Taironas, vivant retirés dans les montagnes de la Sierra Nevada : les Kogis, les Arhuacos, les Kankuamos et les Wiwas. Ces tribus vivent comme leurs ancêtres, au rythme de la Pachamama (la terre mère).

Lors de notre trajet en bus de Santa Marta jusqu’au parc Tayrona, nous avons la « chance » de nous trouver aux côtés de 2 membres de la tribu Kogis. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de cette tribu dans l’émission « Rendez-vous en terre inconnue » avec Thomas Pesquet ? Après avoir vu l’émission, cela nous a fait tout drôle de nous retrouver là, assis à côté d’eux… ils n’ont pas l’air d’être très à l’aise de se mélanger à notre civilisation moderne (surtout celui qui est contre la fenêtre), mais c’est tout à fait compréhensible, surtout quand des touristes français comme nous leur lancent des regards pas franchement discrets, d’un air ébahi !

Le bus s’arrête au village de Calabazo, l’une des entrées les moins touristiques du parc, et par chance, les Kogis descendent ici aussi. Joanna espère en croiser d’autres, et même pouvoir leur parler ! Et quand Joanna a une idée en tête…

Elle n’hésitera pas à aller leur parler de la venue de Thomas Pesquet, oubliant qu’ils ne parlent pas l’espagnol mais un dialecte incompréhensible… Elle réussira tout de même à se faire comprendre pour leur demander l’autorisation d’immortaliser ce moment avec eux.

À peine arrivés devant le chemin qui nous mènera à l’entrée du parc, une dizaine d’adolescents à moto viennent nous aguicher. Ils nous expliquent qu’en 20 minutes, ils peuvent nous emmener au point culminant de notre randonnée, alors qu’on mettrait au moins 1h30 à l’atteindre à pied. Étant déjà assommés par la chaleur étouffante et sachant qu’une longue journée de randonnée nous attend, la proposition est tentante… 

Après quelques minutes de négociation avec les parents, puis avec les motards, on décide d’accepter leur proposition, non sans crainte pour le club du 3ème âge ! En effet, la montée s’annonce périlleuse, accrochés au dos de nos pilotes d’une quinzaine d’années pour certains… Mais après tout, nous sommes là pour tester aussi ce genre d’expérience !

Nous voilà chacun enfourchés sur nos engins ! La surprise est de taille pour les parents qui ne s’attendaient pas à ça, mais même les Annie semblent étonnamment à l’aise, accrochées à leurs pilotes !

Les motos filent à vive allure sur le chemin poussiéreux, certains passages sont délicats dus à la raideur de la pente et à l’état du terrain. Le pilote d’Erich s’embourbe à cause de sa cargaison… disons… imposante ! Mais c’est sains et saufs que nous arrivons à destination !

Nous saluons nos sympathiques pilotes du jour et immortalisons le moment !

Une cabane en bois fait l’embranchement du chemin, une mémé sort et nous propose un jus d’orange frais qu’elle presse devant nous. Nous trinquons bien volontiers à cette belle virée !

1h30 de marche économisée, ravis de l’expérience à moto que nous venons de vivre et requinqués comme jamais, nous voilà prêts à attaquer pour de bon cette randonnée pour atteindre la côte caraïbe ! Nous n’avons finalement qu’à descendre tranquillement « au frais » à travers la jungle… ce qui ne sera pas tout à fait le cas !

Nous croisons un père et son fils de la tribu Kogis

Plus nous avançons, plus la chaleur se fait ressentir malgré la canopée qui isole quelque peu du soleil. Par contre, nous sommes ravis d’avoir fait le choix d’entrer dans le parc par ce côté, nous ne croisons pratiquement personne durant toute la randonnée !

La forêt, fournie d’arbres centenaires, est magnifique. Les deux Annie commencent à montrer des signes de fatigue dus à cette chaleur étouffante et à cette interminable descente dont nous ne voyons pas le bout…

Nous commençons à entrevoir ce qui ressemble à la mer, enfin ! Mais il nous faut encore une bonne heure pour atteindre la plage… 

Annie B prend un coup de chaleur, trébuche dans les feuilles mortes et s’étale ! (Désolés, on n’a pas de photo…) Heureusement, rien de cassé, car on n’est vraiment pas au bon endroit pour une situation d’urgence ! 

L’arrivée sur la plage lui redonne le sourire, ainsi qu’à nous tous ! Ça y est, après plus de 4h30 de marche, tels des survivants, nous découvrons la mer des Caraïbes !
Quelle belle récompense !

Pour nous deux, c’est un moment très spécial. Cette étape marque le point d’arrivée de notre traversée de l’Amérique du Sud, de son extrême sud à son extrême nord, du Canal de Beagle à Ushuaia, en Argentine, jusqu’à la mer des Caraïbes en Colombie. Moment chargé en émotions…

Pour atteindre notre camping, il faut encore longer la plage en plein cagnard, les derniers mètres dans le sable sont éprouvants pour tous. Les Annie suffoquent, le t-shirt d’Erich dégouline et Joanna enguirlande Alain et Boris parce qu’ils n’attendent pas le reste de la troupe !

Ça y est ! Nous découvrons enfin la vue  »carte postale » du parc Tayrona, la plage de Cabo San Juan : une plage magnifique bordée de palmiers. À son extrémité une cabane au sommet d’un promontoire rocheux. 

Exténués, nous rejoignons l’entrée du camping pour nous enregistrer. Nos amis bretons étant venus dans ce camping quelques jours avant nous, nous savons que ce n’est pas une nuit dans un 5 étoiles qui nous attend, mais peu importe, dormir dans le parc Tayrona, ça se mérite !

Le réceptionniste nous montre notre cabane sur le poster se trouvant derrière lui, en nous tendant les clés. Et tenez-vous bien… voilà ce qu’il nous a montré :

Nous rions quelques secondes, mais nous sommes fatigués et pas forcément d’humeur à plaisanter avec le réceptionniste sur notre hébergement, on n’a qu’une seule envie : aller se poser après cette journée de dingue (et se baigner, éventuellement) !

Le réceptionniste n’a pas l’air de comprendre, et nous tend les clés en nous montrant le chemin à emprunter pour rejoindre la cabane, puis nous explique qu’il y a 2 chambres à l’étage, elles sont pour nous…
What ?!

On regarde les parents et nous leur expliquons qu’il doit y avoir un gros malentendu, qu’on va aller voir et essayer de comprendre ce qui a pu se passer. En effet, nous avons réservé 2 cabanes à 20€ la nuit/personne, entassées les unes à côté des autres, comme tout le monde quoi…

Nous nous dirigeons vers la fameuse cabane du poster, qui surplombe la plage de Cabo San Juan, montons à l’escalier, et découvrons… 2 chambres avec dans chacune, un vrai lit double et un hamac, et surtout… une VUE DE DINGUE sur les Caraïbes !!!!!!!!!

Pu**** on va dormir dans la cabane de la carte postale !!!!!!!!

Nous n’arrivons pas à y croire. Jamais, mais alors JAMAIS un truc comme ça nous est arrivé… avec les hébergements des 6 derniers mois, les surprises qu’on a eu n’ont pas vraiment été de ce genre-là, mais alors là… c’est incroyable ! On n’en revient pas !

Les parents nous remercient pour cette magnifique surprise, dont nous ne sommes absolument pas à l’origine ! Nous n’avons aucun mérite… si ce n’est d’avoir réservé laborieusement il y a 2 mois.

C’est requinqués que nous découvrons notre cabane privatisée avec option « vue sur les Caraïbes ». Nous surplombons littéralement la mer avec pour seules voisines quelques mouettes affamées (et quelques gars qui dormiront dans des hamacs au rez-de-chaussée, quand même) !

Chacun s’installe, les Vilanek dans une chambre, les Carton dans l’autre. Certains se reposent, s’endorment même (on ne dira pas qui… les photos parlent d’elles-mêmes), profitent de la plage, de la mer, de la douche du tuyau par lequel sort un filet d’eau froide, ou profitent simplement de la vue… 

Nous avons la chance d’assister à un très beau couché de soleil…

Après avoir arrosé cette journée à la Club Colombia, c’est exténués mais heureux comme des rois que nous nous endormons (ou pas) au bruit des vagues… 

Samedi 27 juillet

La nuit fut bonne pour certains, courte pour d’autres ! Allez dormir toute une nuit avec des rouleaux de vagues s’éclatant au pied de votre cabane en permanence ! (Oui oui, on est bel et bien en train de se plaindre… honte à nous !!) 

Le hamac au bord des Caraïbes faisant rêver, n’est en fait pas si idyllique lorsqu’on nous demande d’y passer une nuit entière ! Joanna réveilla même Alain à 2h du matin pour faire un échange, afin de dormir quelques heures (ce dernier avait dit que ça ne le dérangeait pas de dormir dans le hamac… ce qui n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde).

C’est reparti !

Ce matin, nous continuons notre chemin le long de la côte en direction de la sortie est du parc, El Zaino. Nous prenons le temps de profiter des plages et des panoramas. 

Sur le trajet, nous tombons sur une bande de singes, quelque peu agressifs ! Ils nous jettent des noix, puis se mettent à plusieurs pour faire tomber la branche d’un palmier sur les touristes… ! Nous réussissons tout de même à prendre quelques clichés de ces foutus macaques !

Cette 2ème journée dans le Parc Tayrona touche à sa fin…

En fin d’après-midi, nous sautons dans un bus pour retourner à Santa Marta.

Plus loin, des militaires en travers de la route arrêtent le bus… il est fouillé de fond en comble, nous devons descendre. Après 45 minutes de désossage, ouverture de cartons et compagnie, les militaires n’ont rien trouvé et nous laissent reprendre nos places. 

Le trajet nous semble long après ces 2 journées dans le parc. On colle, on a mal partout, on est sales, et on rêve de prendre une douche, même froide…!

Nous arrivons à Santa Marta en début de soirée, dans le même hôtel que 2 jours auparavant, afin de récupérer nos affaires. Après une bonne douche, nous profitons de l’ambiance des rues animées. 

Dimanche 28 juillet

Journée racontée par Alain

Notre taxi d’hier soir, 65 ans et toujours à la recherche de travail, nous a proposé de venir nous chercher à 9h30 à notre hôtel pour nous approcher de notre prochaine destination, Minca à 20 km de Santa Marta, dans la Sierra Nevada. 

Pour 7000 pesos, soit environ 20 euros, il nous amène jusqu’au village de Minca, à 6 dans son pick up, Joanna, Boris et notre cargaison : dans la benne !

Mais nous ne sommes pas encore arrivés. Il reste un chemin de 3 km empruntable exclusivement en gros 4×4 ou à moto, avec une pente moyenne de 20%. C’est un adolescent de 16 ans qui nous conduit. Nous serrons les fesses mais arrivons sans problème à Mundo Nuevo.

Eco-lodge et restaurant végétarien, Mundo Nuevo est un projet extraordinaire qui s’est monté grâce à Phil, un jeune belge voulant s’impliquer à son échelle pour changer le monde. En 2015, à l’âge de 27 ans, il quitte son métier et ose entreprendre son projet sur les hauteurs de Minca, avec l’aide d’une équipe composée de Colombiens et de personnes de nationalités diverses, tout cela avec l’aval des communautés indigènes de la Sierra bien sûr.

Mundo nuevo n’est pas simplement une auberge, c’est aussi une finca en permaculture, biologique. Le concept est d’être en auto-suffisance alimentaire et énergétique, et de pouvoir accueillir de nombreux voyageurs du monde entier avec les ressources issues de la ferme, tout en utilisant la nature environnante de manière responsable.

À 200 m en contrebas, vivent des membres de la tribu Wiwa, dans 4 huttes ornées de fleurs et de bananiers. Certains travaillent pour Phil. Ils l’ont d’ailleurs aidé à reconstruire la  »punta » à Mundo Nuevo, sorte de terrasse en pointe arrondie, avec le savoir ancestral et la tradition millénaire. 

Il y a des fleurs à foison… un vrai petit paradis ! On est sûrs que vous avez aussi remarqué les plans de canabis 😉

Les membres de la tribu Wiwa ne parlent pas l’espagnol, sont habillés de blanc et portent souvent des mochilas (sacs en bandoulière). 

Plus haut, à 3000 m d’altitude, vivent encore 5000 indigènes dans la Sierra Nevada de Santa Marta. 

Nous passons l’après-midi à se balancer d’hamacs en hamacs dans cette atmosphère des plus reposantes, bercés par le chant des oiseaux. Loin de la chaleur étouffante de la côte, cet endroit est une véritable bouffée d’air frais !

Un repos bien mérité !

Boris préfère le lit, mais avec des pièces sur les yeux pour « cacher la lumière », dit-il… 

***

Même les toilettes offrent une vue incroyable… ! On leur décerne d’ailleurs la palme des meilleurs toilettes du monde, à l’unanimité !

Au programme de la soirée : coucher de soleil depuis la Punta avec vue sur la mer des Caraïbes, et « méditation » pour certains. Mais pas pour nous, à 6 il était compliqué de se concentrer ! Au grand désespoir de nos voisins… qui eux, comptaient vraiment méditer !!

Merci Erich pour the best face of the trip !

Lundi 29 juillet

Une journée chargée en perspective, nous commençons à 6h du matin par une excursion
« birdwatching » (observation d’oiseaux) en pleine nature, avec notre guide Elkin

Elkin est un passionné d’ornithologie et va nous montrer quelques oiseaux aux alentours. Finalement, il sait très bien les imiter mais à part un toucan au loin et une perruche, nous ne voyons pas l’ombre d’une plume…

Nous rentrons à l’auberge aux alentours de 8h et prenons un bon petit déjeuner, avant d’enchaîner avec une visite chez l’apiculteur Pim, qui s’occupe des ruches de Mundo Nuevo un peu plus bas. Ses  »babies » comme il dit, sont de petites abeilles endémiques n’ayant pas de dard, les Angelitas, qu’il bichonne avec soin. 

***

En face de l’auberge se trouve une finca de cacao et de café, nommée « La Candelaria ». Nous en profitons pour en faire une visite guidée, avec en bonus, un masque au cacao et une dégustation de café et de chocolat chaud !

Lors de cette visite, nous apprendrons des tas de choses sur le processus de fabrication du cacao (que nous connaissions déjà grâce à notre passage à Mindo en Equateur) mais aussi sur celui du café

On vous partage quelques-unes de nos découvertes sur le café !

  • Qui sont les plus gros consommateurs de café ?
    –> Les Finlandais ! De manière globale, ce sont les pays européens qui consomment le plus de café.
  • Quels sont les pays les plus gros producteurs de café dans le monde ?
    –> Le Brésil (de loin), puis le Vietnam, l’Indonésie et la Colombie.
  • Qui a été le premier producteur de café ?
    –> Les Hollandais en Indonésie.
  • Comment est consommé le café en Colombie ?
    –> En tinto, un café léger et sucré (qui n’a pas de goût selon nous !)

Il est déjà temps de repartir et de retourner à la civilisation !

Mundo nuevo est un vrai petit paradis, et a été un véritable coup de cœur pour chacun d’entre nous. Nous y serions bien restés quelques jours de plus…

Nous rejoignons Santa Marta dans l’après-midi, pour y prendre un bus direction Carthagène des Indes, à 4h de route vers l’ouest. 

Arrivés à la gare routière de Carthagène à plus de 22h, nous trouvons des taxis direction le centre-ville où José, notre hôte, nous attend. Malheureusement, nous tombons sur des chauffeurs fous-furieux qui décident de faire la course, quitte à nous mettre en danger. 

Nous arrivons fatigués et agacés chez José, mais grâce à son accueil des plus chaleureux, accompagné d’un bon jus de fruit frais qu’il nous a gentiment préparé, nous retrouvons le sourire. C’est notre première expérience de logement chez l’habitant en Colombie et nous sommes ravis. Nous discutons une bonne heure en la compagnie de José avant de rejoindre nos chambres. Ça y est, notre espagnol nous permet enfin d’avoir un semblant de conversation avec les locaux, et cela fait des mois que l’on attend ça, alors on profite !

Mardi 30 juillet

Ce matin nous avons rendez-vous avec Daniel, un guide parlant très bien français, pour la visite de la belle Carthagène des Indes. Joanna l’a dégoté sur une page de voyageurs sur les réseaux sociaux. Nous avons ensuite pu organiser la journée avec lui, en fonction de nos envies et capacités.

Avec son chauffeur, ils nous emmènent tout d’abord à la forteresse San Filipe de Barajas qui domine la ville. Construit par les esclaves africains sur la colline de San Lázaro aux portes de Carthagène, ce fort jouait un rôle dissuasif face aux envahisseurs. Ses tunnels, réserves, tourelles et murs inclinés la rendaient quasiment imprenable et en font l’un des plus formidables bastions jamais construit par les colons espagnols.

À la sortie, tout comme à notre arrivée à la forteresse, nous nous faisons littéralement alpaguer par des vendeurs de rues (ce qui est plutôt rare en Colombie) : bouteilles d’eau, chapeaux, maracas… En bons touristes, nous repartons avec les trois !

La visite se poursuit au Couvent de la Popa. Juché au sommet d’une colline, un peu à l’écart de la vieille ville, ce couvent construit en 1607 fut utilisé comme forteresse en raison de son emplacement stratégique. Il abrite également un joli patio, un musée et une chapelle consacrée à la Virgen de la Candelaria. Du haut de ses 145 m, il offre une vue spectaculaire sur la ville fortifiée et la baie de Carthagène.

D’ici, on peut apercevoir une école (en rouge) fondée par une célèbre colombienne que vous connaissez tous : Shakira !

Quelques minutes après être arrivés au couvent, Erich s’aperçoit qu’il n’a plus son appareil photo… C’est la panique ! On court dans tous les sens pour voir s’il n’est pas dans un coin. La voiture est fouillée, rien. Peut-être l’a-t-il oublié quelque part dans la forteresse ? On écourte la visite du couvent, nous sautons dans la voiture et filons en trombe jusqu’à la forteresse San Felipe, Erich croit se souvenir l’avoir laissé sur le muret proche d’un vendeur de chapeaux en sortant sa monnaie. Daniel notre guide, accompagné d’Erich et Boris, explique la situation aux agents d’accueil pour qu’ils les laissent rentrer de nouveau dans la forteresse.

Chose faite, ils se dispersent et essayent de trouver cet appareil photo. Erich demande aux vendeurs s’ils ne l’ont pas vu et leur explique qu’il y tient, que c’est un cadeau de son fils et qu’il est prêt à donner quelque chose en retour. Rien, personne ne l’a vu, évidemment…

Daniel donne son numéro aux agents de sécurité au cas où, par  »miracle », l’appareil réapparaîtrait… Nous ne pouvons pas faire grand-chose de plus et décidons de poursuivre la visite à l’intérieur des remparts de Carthagène, dans la vieille ville. Malheureusement nous n’avons plus tellement le cœur à la visite, sans parler de l’appareil photo, ce sont des centaines de photos qui s’envolent avec…

***

Fondée en 1533Carthagène devient par la suite le plus grand port de l’Empire espagnol de par sa situation géographique : point stratégique entre le Mexique, le Pérou et les îles caribéennes. 

Les étroites ruelles flanquées de jolis balcons conservent tout le charme de la période coloniale. Classé au patrimoine mondial, le centre historique est une ville tableau, une romance caribéenne à chaleur tropicale. 

Les Palenqueras, ces femmes habillées de couleurs vives portant des fruits sur la tête, sont originaires du petit village de Palenque de San Basilio, à 70 km au sud de Carthagène. Fondé par quelques esclaves ayant réussi à s’échapper, Palenque de San Basilio fut la première communauté africaine libre d’Amérique latine.

Au détour d’une ruelle, le téléphone de Daniel sonne. Très bonne surprise : quelqu’un « a retrouvé » l’appareil photo d’Erich à la forteresse ! Incroyable… Nous décidons de nous installer dans un restaurant pendant qu’Erich et Daniel font l’aller-retour au point de rendez-vous.

Arrivés sur place, Daniel discute avec les agents de sécurité pendant 20 minutes avant d’apercevoir 2 gars arriver avec l’appareil dans les mains. Ils demandent à Erich de prouver que c’est bien le sien : « Vous n’avez qu’à regarder les photos dedans ! » leur répond-il.

Après encore quelques minutes de négociation pénibles, ils repartent avec l’appareil photo. En sortant, ils tombent sur le vendeur à qui Erich avait évoqué une récompense plus tôt… Erich regarde Daniel qui lui dit : « l’équivalent de 10 USD devrait suffire… »

Tout finit bien, ils nous rejoignent au restaurant, appareil photo en main et soulagés ! Sans Daniel nous n’aurions jamais revu la couleur de cet appareil… on ne le remerciera jamais assez pour ça ! Maintenant, à table !

Salud !

Nous le remercions pour cette belle visite, son aide précieuse et finissons l’après-midi dans un petit marché couvert pour faire le plein de souvenirs. La fin du voyage approchant pour nous tous… on peut vous dire qu’on a fait une razzia !!! Et puis il faut dire que l’artisanat en Colombie est particulièrement joli et varié, contrairement aux pays que nous avons traversés. Bijoux, tasses, sacs, porte-clés, stylos, robes, maillots de foot et hamacs…
Allez hop + 10 kg dans les sacs à dos ! 

Ce soir, nous emmenons les parents dans le restaurant El Interno au concept un peu spécial : il s’agit d’un restaurant à l’intérieur d’une prison pour femmes, au cœur du centre historique. 

El Interno est une alternative de resocialisation en Colombie, le pays avec la deuxième plus grande population carcérale en Amérique du Sud, après le Brésil. Le durcissement des peines et le trafic de drogue remplissent les 138 prisons du pays, dépassant largement les capacités d’accueil.

C’est derrière les barreaux que nous nous installons à notre jolie table. Erich et Annie sont dubitatifs…

Nous avons découvert ce restaurant « de la deuxième chance » lors d’un reportage d’Échappées belles en Colombie (« Le nouvel eldorado »), présenté par Sophie Jovillard sur France 5. S’il est rediffusé, on vous le conseille sans hésiter !

Les détenues, volontaires et en fin de peine, servent et font la cuisine sous l’œil des gardes et de professionnels du métier. Le but étant de se former pour une meilleure réinsertion future dans la société. On adhère complètement à ce principe moderne, original et certainement prometteur !

L’ambiance est tout ce qu’il y a de plus sympathique, le menu et la déco sont plutôt bien élaborés, on en arrive presque à oublier que celles qui nous servent sont peut-être là pour de graves délits, ou pire… Ce n’est pas l’envie qui nous manque de leur poser la question, mais c’est formellement et heureusement interdit !

Nous apprécions particulièrement notre dîner gastronomique.

Le restaurant El Interno est une expérience de la fondation Acción Interna. Sa directrice, Johana Bahamón, s’est inspirée du restaurant InGalera de la prison pour hommes de Milan. Cette actrice de télévision de 35 ans a convaincu les autorités d’adapter l’idée dans le quartier de San Diego à Carthagène, à quelques mètres des hôtels cinq étoiles. En deux mois, ils ont formé les détenues à la cuisine, au service à la clientèle et à la boulangerie, et créé le menu avec l’aide de chefs renommés. 

A l’instar du centre de détention Pollsmoor en Afrique du Sud (où Nelson Mandela a été emprisonné), et de la prison pour hommes à Milan en Italie, de plus en plus de prisons testent ces expériences de réintégration à travers la cuisine.

***

À partir de demain, les parents ne savent pas quel est le programme ni où l’on va, c’est une surprise ! Nous commençons par les questionner sur ce qu’ils imaginent : certains pensent que nous allons sur un voilier dans les caraïbes, d’autres que nous allons en excursion sur une île proche de la côte, ou encore que nous partons en expédition dans la jungle… 

On leur donne pour unique information qu’il faudra réussir à remplir un seul sac à dos par famille (pour 3) pour une semaine, pour demain matin…

Annie J n’aime pas cette idée de surprise et commence à angoisser… Joanna est à deux doigts de cracher le morceau mais arrive à tenir sa langue. On donnera tout de même un indice aux parents : nous n’allons pas avoir froid ! Joanna réussit quand même à convaincre sa mère de prendre son maillot de bain, qu’elle voulait laisser dans les affaires restantes (ce qui aurait été bien dommage) !

De retour chez José, Boris se connecte pour enregistrer les passagers sur le site de la compagnie aérienne (car oui, nous allons encore prendre l’avion !!) Mais nous avons une mauvaise surprise… l’heure du décollage a changé ! Il n’est plus à 13h30 mais à 9h ! WHAT ?! Sans même nous avoir prévenu, génial !

Le stress est à son maximum, nous qui pensions avoir la matinée pour faire nos sacs et aller à l’aéroport tranquillement… nous ne savons pas quoi faire ! Il est 1h du matin et les parents dorment… Doit-on les réveiller pour les prévenir maintenant ? On opte pour la « moins mauvaise » solution selon nous : les réveiller à 6h du matin et leur annoncer qu’il nous reste 1h pour faire les sacs et prendre un petit dej express. Chaud chaud chaud !!

Nous mettons du temps à fermer l’œil après tout ça…

Mercredi 31 juillet

Départ raconté par Alain 

Après une courte nuit, Joanna et Boris nous réveillent à 6h pour un départ imprévu à 7h avec nos sacs qu’il faut réduire de moitié pour n’en faire qu’un seul par famille. L’ambiance n’est pas vraiment à la détente !

Après avoir laissé une grande partie de nos affaires chez José, nous sautons dans les taxis qu’il nous a commandés, direction… l’aéroport de Carthagène ! Encore un avion ? 

Dès notre arrivée en trombe à l’aéroport, Joanna et Boris nous imposent de s’asseoir à la table d’un restaurant pour visionner un montage vidéo réalisé par nos fils Baptiste et Clément. Nous ne comprenons pas vraiment pourquoi tout ça… où veulent-ils en venir ?

On vous laisse découvrir la surprise en vidéo !

Comme vous l’imaginez, cette vidéo nous a beaucoup touchée, autant que la surprise en elle-même.

Dans une heure, nous nous envolerons pour une semaine dans les îles colombiennes au large du Nicaragua, éloignées de 800 km du continent, à San Andres et Providencia ! Tout cela pour fêter mes 60 ans, passés quasi inaperçus. 

Deux îles inconnues au milieu des Caraïbes, colombiennes et authentiques, là où les touristes ne viennent pas ou peu car on ne peut s’y rendre que depuis la Colombie, dans des avions de 19 passagers pour la 2ème île… 

Nous découvrirons donc San Andres les deux premiers jours, puis Providencia les cinq jours suivants… quelle chance ! Il nous tarde d’arriver.

La suite au prochain épisode 🙂

2 réflexions sur “La côte caraïbe

  1. Que de souvenirs, je me demande encore si nous avons bien vu tout ça, parcourus tous ces kilomètres, quel exploit pour nous avec cette chaleur ! Grâce à vous, nous nous sommes surpassés et nous ne le regrettons pas. En cette période de confinement ça fait du bien de s’évader et on réalise la chance qu’on a eue de partir l’en 2019. Cette aventure riche en émotions et en découvertes restera inoubliable. Encore merci à vous deux. Bisous 😘

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  2. …ça fait du bien de revoir ces paysages adoptés dès le premier jour, avec en prime deux guides perfectionnistes qui avaient préparé pour nous le parcours, réservé les transports, les nuits, géré les imprévus…de sorte qu’à aucun moment, nous n’ayons été inquiets et n’avions plus qu’à nous laisser guider et apprécier le moment.
    Merci Boris et Joanna, vous nous avez convaincu de venir vous rejoindre en Colombie, pays pourtant plein de préjugés pour nous, et pourtant si différent de ce qu’on imaginait : les Colombiens sont attachants, la nature est si belle et les paysages si variés d’une région à l’autre, nous l’avons adoptée immédiatement, et aujourd’hui, 8 mois après notre retour, quel bonheur que de revivre cela et de redécouvrir ces photos.
    Seul bémol, nous avons épuisé notre bilan carbone pour plusieurs années en survolant 15 fois la Colombie en un mois, alors qu’on n’avait pas pris l’avion, ou presque, depuis 30 ans.
    Merci Medellin, Yolanda, Comuna 13, Tayrona, Mundo Nuevo, Macanera, El Valle, Guatapé, Joaquin, Elkin, Daniel, Carthagène, San Andrès et Providencia.
    Merci Colombie ! Dommage que tu sois si loin ! Mais tu resteras toujours dans mon coeur.

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