Le désert d’Atacama

Mercredi 3 avril

Aussitôt arrivés à l’aéroport de Calama, aux portes du désert d’Atacama. Nous prenons une navette qui nous emmène à 2h d’ici, à San Pedro de Atacama. 

San Pedro fait partie des 14 oasis du désert. Atacama est le désert le plus aride du monde. C’est donc avec grande surprise que nous découvrons la pluie à notre arrivée !

Nous posons nos sacs dans une auberge située à 2 km de San Pedro, au milieu de nulle part ! Nous y resterons 5 nuits, notre plus long séjour depuis le début du voyage ! Ce qui n’est pas pour nous déplaire 🙂

Notre auberge est entourée de roches blanchies de la Cordillera de Salinas. Un chemin de terre praticable uniquement par temps sec nous connecte à la ville de San Pedro.

Le décor tranche totalement avec tout ce que nous avons vu auparavant. Avec ses maisons en adobe et ses rues terreuses, San Pedro ressemble à un village berbère marocain. 

Nous sommes en plein désert mais celui-ci n’a rien à voir avec ceux que l’on peut trouver en Afrique du Nord. Ici, les volcans tutoient les nuages, les flamants roses pêchent dans des lagunes arc-en-ciel et les vigognes sont les gardiennes de ces plateaux à l’altitude vertigineuse. 

En ville, nous allons dans l’agence de Santiago Atias, un guide franco-chilien qu’on nous a vivement recommandé. Nous prévoyons avec lui une excursion pour le lendemain aux lagunes altiplaniques. 

C’est lorsque Santiago avait 7 ans que survint le brutal putch militaire de 1973 qui plongea le Chili dans la dictature. Sa famille se réfugia alors en France, à Paris. Après 25 ans d’exil, il a décidé de partir à la découverte de son pays. Après avoir vécu à Santiago puis à Valparaiso, c’est finalement dans le désert d’Atacama qu’il trouva définitivement sa place.

Jeudi 4 avril

Départ 9h, nous passons prendre les autres participants de l’excursion et nous nous dirigeons vers les étendues désertiques au sud de San Pedro, en direction de la frontière argentine.

En chemin, le temps se dégrade, on se prend une bonne radée, Santiago devient perplexe sur le déroulement de la journée. Effectivement, la situation n’a pas l’air de s’améliorer. 

Nous arrivons au tropique du Capricorne, Santiago a le temps de nous faire une présentation, mais la nouvelle tombe : l’entrée des lagunes est fermée. De la neige est tombée en quantité et barre les routes sur l’altiplano. Les indiens, gérants du parc, ont décidé de fermer l’accès pour la journée au moins. 

De grosses inondations avaient déjà eu lieu en février… on commence sérieusement à douter de l’aridité du désert ! On nous aurait menti ?

Très professionnel, Santiago nous propose de nous rembourser intégralement l’excursion d’aujourd’hui et d’essayer de la reprogrammer 2 jours plus tard si le temps le permet. On apprécie beaucoup.

En fin d’après-midi, Béatrice et Bernard, un couple de l’excursion ratée de ce matin, nous proposent de les accompagner pour la visite de la laguna Chaxa. Ils avaient entre temps pris le contact d’Angelo, un guide chilien parlant très bien français.

La laguna Chaxa se trouve au milieu du Salar d’Atacama, entourée par des sommets enneigés.

Un flamant chilien (il existe 3 espèces ici)
Lagune asséchée après les inondations de février

Vendredi 5 avril 

Nous explorons ce matin les alentours de notre hostel, tout proche de la Vallée de la mort. La roche rouge est éclatante sous le soleil radieu.

Joanna tente de défier la résistance d’une croûte de sel en chemin, ce qui ne s’avéra pas concluant !

Après cet épisode boueux qui a mis Joanna de mauvaise humeur pour un petit moment, c’est en stop que nous rejoindrons le centre ville. 

Nous prévoyons de visiter la vallée de la lune et celle de la mort en fin d’après-midi pour le coucher du soleil. 

Nous n’avons d’autre choix que de nous tourner vers l’une des innombrables agences de circuits touristiques et réservons une excursion qui comprend les 2 vallées. 

Le départ est à 16h, sans grande surprise nous sommes envoyés vers une autre agence de façon à combler les places vacantes d’un bus. Car évidemment, presque toutes les agences font les mêmes circuits aux mêmes heures… Tout ce qu’on aime !

En chemin, la guide nous fait son speach de présentation du tour et nous apprenons avec grande surprise que nous n’irons pas à la vallée de la mort ! Nous sommes apparemment les deux seuls du groupe à s’en étonner et questionnons donc la guide. 

Elle nous suggère de nous retourner contre notre agence pour nous faire rembourser. Décidément notre séjour à Atacama commence mal…

La balade dans la vallée de la lune se déroule comme imaginée, des dizaines de bus à la queue leu leu faisant des arrêts chronométrés sur les différents sites… 

Las 3 Marias

Heureusement, le décor comble nos attentes avec des points de vue sublimes !

La duna Mayor
Que es romantico !!

Nous nous frayons un passage entre un chinois et un coréen pour réussir à immortaliser le coucher du soleil…

Le splendide coucher du soleil, avec un morceau de chinois… inévitable !

De retour en ville, nous allons directement chercher des explications dans l’agence qui nous a vendu le tour. Évidemment, la commerciale en question n’est plus là mais nous expliquons la situation à sa collègue. Effectivement, celle-ci nous avait précisement énuméré les arrêts dans les deux vallées mais nous nous sommes rendus seulement dans la vallée de la lune. Aucun malentendu possible car la conversation était en anglais. Nous réclamons donc une remise car le prix de l’excursion dans la vallée de de la lune seule était beaucoup moins chère dans les autres agences… 

On nous répond de repasser le lendemain pour parler à la vendeuse en question…
Affaire à suivre !

Samedi 6 avril 

L’excursion ratée de jeudi avec Santiago est reportée à aujourd’hui et c’est Marie, sa collègue, qui sera notre guide cette fois. Marie parle également très bien français et a l’air super dynamique ! Nous sommes seulement 6 à partir en excursion, un couple de toulousains, deux copines belges et nous, le top !

Le paysage défile, c’est une magnifique journée qui s’annonce avec un ciel sans nuage cette fois. Ouf !

Quelques lamas, avec en arrière-plan le Licancabur enneigé. N’est-ce pas magnifique ?

Volcan Licancabur – 5920m d’altitude
Et oui, il y a des lamas de toutes les couleurs !
Mais on préfère les blancs 😛
Un bébé vigogne (de la même famille que le lama, mais qui n’est pas domestiqué, c’est un animal sauvage)

Nous arrivons à la première lagune d’altitude : la Laguna Miscanti, à 4120m.
Finalement, la neige tombée deux jours plus tôt sublime le paysage !

Deuxième lagune : la Laguna Miniques, à 4120m également.

Pause pique-nique…

…digne ce nom !

Salud !
(à droite : Guillermo notre conducteur et Marie notre guide)
Après quelques verres de rouge…

Troisième lagune : la Laguna Aguas Calientes – Mirador Piedras Rojas – 3900m
Les photos ne révèlent malheureusement pas l’extraordinaire beauté de cet endroit…

Cette lagune est la plus belle que nous ayons vue jusqu’à présent ! Les nuances de couleur nous font penser à une peinture… On en a le souffle coupé !


Vous voyez ces petits points blancs ? Ce sont des flamants roses ! Il y en a des centaines dans la lagune !

Quatrième lagune : la Laguna Tuyaito – 3900m

Nos yeux n’en peuvent plus…. c’est tellement beau ! On a peur d’être blasés pour le reste du voyage !

Il est temps de prendre la route du retour… qui nous révèlera encore de belles surprises !

Qui est qui ? 😉

Avant de rentrer, nous nous arrêtons dans les petits villages de Socaire et Toconao, où nous pouvons rendre visite à des bébés lamas !

Nous nous arrêtons dans l’agence qui nous a arnaqués la veille, dans l’espoir de pouvoir récupérer un peu de sous. La vendeuse en question est bien là, elle persiste dans sa mauvaise fois mais grâce à notre acharnement et à l’intervention de la patronne, nous récupérons un tiers de ce que nous avions versé. Ouf ! La vendeuse est partie bouder dans son coin. La bataille fut difficile mais nous sommes fiers de ne pas avoir lâché le morceau 🙂

C’est avec le sourire que nous rentrons, émerveillés de cette fabuleuse journée !

Dimanche 7 avril 

Nous avions planifié avec Angelo, le guide chilien qui nous avait emmenés à la laguna Chaxa, une journée aux Geysers d’El Tatio. Entre temps, un couple d’allemands, Nik et Bella, était arrivé à l’auberge et après avoir sympathisé, nous leur avions proposé de passer cette journée ensemble. 

À 7h, Angelo débarque dans son pick-up rouge, souriant, lunettes de soleil sur le nez. Il parle très bien français. Grâce à une aventure avec une française, il a vécu un an en France.

Le 4×4 file à vive allure et nous apercevons déjà les vigognes de l’altiplano brouter dans la belle lumière du matin.

Nous avons appris quelques infos sur ces mignonnes petites bêtes :

  • Les vigognes vivent exclusivement sur les hauts plateaux de la Cordillère des Andes, à plus de 3500m d’altitude.
  • Elles vivent en groupes de 5 ou 6 femelles pour un mâle.
  • Les mâles se battent la dominance d’un groupe en allant jusqu’à s’arracher les testicules ! Le perdant se laisse mourir, n’ayant plus aucune de raison de vivre…
  • Chaque femelle ne peut avoir qu’un petit par an (il y a 11 mois de gestation).
  • Elles ont la faculté de pouvoir avorter sur commande si elles se sentent en danger.
  • Aujourd’hui , les vigognes sont parfois encore sont chassées illégalement par les hommes pour leur laine de grande qualité. Pour ne pas abîmer la laine avec des armes, les braconniers les pourchassent en 4×4. 30 minutes suffisent pour que la bête fasse une crise cardiaque. Effectivement, elles possèdent de petits organes qui ne sont pas fait pour un effort intense en altitude. 
  • Il faut tuer 4 vigognes pour fabriquer 1 écharpe…
La nouvelle peluche de Joanna

En chemin, nous croisons aussi des renards qui ont visiblement l’habitude que les touristes leur donne à manger… l’un d’entre eux a niaqué la main d’Angelo !

Nous arrivons à 4400m, aux geysers d’El Tatio et croisons la vague de touristes venus pour le lever de soleil. Nous serons tranquilles dans quelques minutes !

Comment expliquer le phénomène surprenant des geysers ?

L’activité des geysers est causée par le contact entre les eaux de surface et les roches chauffées par le magma situé sous terre. L’eau géothermiquement rechauffée retourne à la surface par convection à travers des roches poreuses et fracturées. 

Cet endroit n’est pas sans risque pour les touristes. Des accidents ont eu lieu récemment, des chinois belges voulant se prendre en selfie devant un geyser, ont glissé dedans. L’eau bouillante et acide a été fatale à ces imprudents… 

Nous avons le site rien que pour nous !

Petit dej !

La piscine thermale est vide de touristes, à nous la détente ! 

De temps en temps un courant brûlant vient nous surprendre. 

Avec Bella et Nik

Nous repartons ensuite vers les geysers de boue, d’impressionnants cratères où l’on peut observer l’argile en ébullition.

Le suivant est un geyser blanc, il en découle une source dont l’eau atteint presque une centaine de degrés. Celle-ci se jette dans une rivière en contrebas, nous en profitons pour pique-niquer dans ce bel endroit.

Les vigognes aussi semblent apprécier cet endroit !

Le mélange des deux eaux donne une température d’environ 35°C, Boris et Angelo n’hésitent pas longtemps avant d’y prendre un bain !

Ça va plutôt pas mal !

Nous reprenons la route et profitons de la belle lumière de fin d’après-midi pour faire quelques photos… Les paysages sont sublimes encore une fois !

Le volcan Tocorpuri : on peut voir le souffre dans son cratère

Quelques empanadas au fromage « de chèvre » et des brochettes de lamas nous régalent pour le goûter !

Mate de coca pour Joanna qui a un bon mal de crâne à cause de l’altitude !

Nous finissons l’après-midi dans une gorge, le canyon de Guatin, où se dressent des cactus géants plutôt photogéniques !

Dans le temps, les gens se servaient du bois de cactus comme charpente. Les cactus sont aujourd’hui protégés, ne poussant que d’1 cm par an.

…………

Nous avions réservé pour ce soir une excursion afin d’observer les étoiles avec l’agence Space. Elle est réputée car tenue par Alain Maury, un astronome français. 

Alain Maury était chercheur au CNRS jusqu’en 2003, sa spécialité étant la recherche d’astéroïdes et de comètes. L’astéroïde 3780 porte d’ailleurs son nom. 

Aucun financement n’étant possible en France pour la recherche d’astéroïdes, il a trouvé une nouvelle position au Chili. 

Après le CNRS, il a fondé l’agence Space avec son épouse, à San Pedro de Atacama. 

Space est un moyen d’une part de faire découvrir le ciel aux touristes comme nous, et une manière de pouvoir continuer à faire de l’astronomie sans dépendre d’aucune forme d’administration. Aujourd’hui il construit lui-même ses propres téléscopes. 

Le désert d’Atacama est l’un des meilleurs sites d’observation du ciel au monde, grâce à l’absence de pollution lumineuse et à un ciel complètement dégagé 340 jours par an en moyenne. Autrement dit, les conditions sont exceptionnelles !

Nous avons eu la chance d’observer la voie lactée ce soir-là telle que nous ne l’avions jamais vue auparavant. 

Sublime photo d’un voyageur et excellent photographe, rencontré auparavant en Patagonie

Nous avons appris à reconnaître différentes constellations que nous ne voyons pas depuis l’Europe, telles que la Croix du Sud. 

Grâce à l’observation dans les téléscopes nous avons pu voir des milliers d’étoiles impossibles à voir à l’œil nu, on peut vous assurer qu’à ce moment-là on se sent tout petit ! 

L’astronomie est une science passionnante, Joanna compte bien s’y intéresser davantage à notre retour !

Lundi 8 avril 

Nous prenons le bus à 7h du matin pour la ville de Salta, au nord-ouest de l’Argentine, de l’autre côté de la Cordillère des Andes.

Ces 2 dernières journées dans le désert d’Atacama ont été d’une richesse incroyable, aussi bien en terme de connaissances que de paysages à couper le souffle : lagunes altiplaniques, ciel étoilé d’une beauté sans égal, volcans, geysers… 

C’est avec un gros pincement au cœur que nous quittons le Chili, un pays aux mille facettes, qui a été au-delà de nos espérances.

3 réflexions sur “Le désert d’Atacama

  1. Toujours aussi grandiose! Paysages sublimes et même si parfois l’afflux de touristes peut être gênant, l’immensité et la beauté des lieux font oublier les désagréments, vous n’êtes pas les seuls hélas à être attirés par ce magnifique pays! Le retour à la civilisation est forcément difficile mais vous faites de belles rencontres et dans l’ensemble vous êtes plutôt chanceux avec la météo. Merci encore de nous faire partager votre aventure.

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  2. Coucou Johanna et Boris
    Vos photos sont magnifiques : on est bien placé pour le savoir vu qu’on était avec vous à la Laguna Chaixa!!! Waowh quel bonheur les lagunes d’altitude avec les andes enneigées!
    Pincement de jalousie nous qui n’avons pas pu faire cette excursion mais ce qui me console c’est que vous l’avez savourée par tous vos pores…Nous sommes rentrés depuis 2 semaines et le printemps qui nous a accueilli a adouci le retour.
    Nous vous souhaitons beaucoup de bonheurs sur la route et de belles rencontres… On va continuer le voyage grâce à vous…
    Béatrice et Bernard

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    • Coucou Béatrice et Bernard 🙂
      Merci pour votre message qui nous fait super plaisir ! Effectivement nous avons bien pensé à vous pendant cette journée d’excursion reportée, et profité pour vous ! On espère que le retour n’a pas été trop difficile… et que vous pensez déjà au prochain voyage 😉
      Merci pour les compliments, nous tâchons de continuer ce blog du mieux que nous pouvons ! Grosses bises à tous les deux
      Joanna et Boris

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