Le lac Titicaca, entre Bolivie et Pérou

Mercredi 8 mai

Obnubilés à panser les piqûres de moustiques de Joanna et à chercher un moyen de dormir chez l’habitant sur l’Isla del Sol, nous finissons par oublier ce pourquoi précisément nous sommes venus à Copacabana, petite ville bordant le lac Titicaca (toujours côté bolivien) : voir la bénédiction des voitures par le prêtre ! 

On vous explique : 2 fois par jour, le curé, armé de son seau d’eau bénite, arrose des dizaines de bus, tacots, camions et Mercedes rutilantes qui se pressent depuis tout le pays, décorés de guirlandes et de fleurs dans une ambiance festive. 

Nous avons donc raté (comme toutes les fêtes depuis le début du voyage) cet événement atypique ! On est vraiment des boulets.
Tant pis, certaines réservations étant déjà faites, nous ne pouvons pas rallonger notre séjour ici.

Après avoir écumé tous les tours opérateurs de Copacana, nous trouvons enfin la possibilité d’organiser un séjour chez l’habitant, sur l’Isla del Sol. Départ demain matin !

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Jeudi 9 mai

Le trajet débute par un arrêt express sur l’Isla de la Luna : un îlot de 25 familles vivant de l’accueil des touristes et de la pêche de truites.

Nous débarquons ensuite sur l’Isla del Sol

La personne qui est censée nous accueillir n’est pas là. Nous grimpons difficilement les marches jusqu’au village de Yumani, quand même à 4000m d’altitude. Nous cherchons tant bien que mal la famille de Magdalena, chez qui nous devons passer la nuit, mais apprenons par la suite qu’elle n’est finalement pas disponible pour nous héberger… car aujourd’hui un grand tournoi de foot est organisé sur l’île, tous les enfants de la région y participent. 

On ne vous cache pas qu’on a carrément les boules qu’on est un peu déçus… Nous finissons dans un hôtel avec vue sur le lac, que l’agence nous a réservé en dernière minute. Ça va, le lot de consolation n’est pas si mal…

Selon la mythologie inca, c’est sur l’Isla del Sol que le soleil serait né (rien de moins !)

Le lac Titicaca est perché à 3 812 m d’altitude et est d’ une superficie de 8 372 km², soit 15 fois le lac Léman

Berceau de la culture Aymara, le lac Titicaca doit son nom à Titi Khar’ka, qui signifie « Roc du puma ». Un animal de couleur grise (le titi) pourrait, selon la légende, vivre dans les profondeurs du lac et sur l’Isla del Sol…

Nous passons l’après-midi à flâner dans les ruelles pavées sur les hauteurs de l’île et à regarder le tournoi de foot des enfants. Toutes les familles sont réunies et soutiennent les équipes de leurs enfants avec ferveur ! C’est d’ailleurs assez drôle à voir ! Le football, c’est LE sport national (comme dans tous les pays d’Amérique du Sud d’ailleurs).

Sur le chemin, nous apercevons au loin une petite fille promenant un bébé alpaga, trop craquant !! Boris la prend en photo. À peine une seconde après, la petite (qui n’avait pas plus de 6 ans) nous dit « T’as pris 2 photos, 5 soles par photo ça fait 10 soles ! »
On avoue, elle nous a littéralement scotchés !!

Après négociation avec la fillette (très dure en affaires), nous prendrons quelques photos supplémentaires avec elle avant de lui donner ses sous… On ne nous y prendra plus !

Nous arrivons au mirador Kenuani, qui nous offre une magnifique vue sur le lac Titicaca, côté bolivien et côté péruvien, ainsi que sur la Cordillère des Andes.

Mirador Kenuani
Vue sur la Cordillère des Andes

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Vendredi 10 mai

Lever de soleil depuis la chambre

Ce matin, nous partons découvrir le sud de l’île avec un guide local, qui se trouve être le père de Magdalena (qui devait nous accueillir chez elle). 

Il prend le temps de nous raconter quelques légendes du lac Titicaca (il y en a beaucoup !), mais on n’est pas sûrs d’avoir tout compris donc on ne vous les retranscrira pas !

Il nous emmène jusqu’aux ruines du temple de Pilkokaina (temple du soleil), qui était le palais de l’Empereur Tupac Yupanqui.

Temple de Pilkokaina

Il est déjà l’heure de reprendre le bateau pour Copacabana. Nous en profitons pour faire une dernière photo avec le papa de Magdalena qui a vraiment été un super guide !

Arrivés à Copacabana, nous filons à l’agence, bien remontés contre la commerciale qui nous a vendu l’hébergement dans la famille sans savoir si celle-ci était disponible… 

Nous voyant arriver, cette dernière se confond en excuses et nous prend dans ses bras… On avoue qu’on ne s’y attendait pas à celle-là ! Bon, du coup on ne réclamera rien… De toute façon notre bus pour Puno nous attend !

Ça y est, c’est avec un petit pincement au cœur que nous quittons la Bolivie, pour de bon cette fois ! Les paysages sublimes et la gentillesse des habitants nous ont définitivement conquis. La seule chose qui ne nous manquera pas restera leur conduite, sportive et très aléatoire !

Puno est une grande ville péruvienne au bord du lac Titicaca. Nous y passerons seulement une nuit (cette ville est moche, sale et sans intérêt) avant d’aller sur les îles Uros.

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Samedi 11 mai

Aujourd’hui nous partons en immersion chez Lorenzo et sa famille (pas de faux plan cette fois !), qui vivent sur les îles Uros

Ces toutes petites îles se trouvent sur le lac Titicaca du côté péruvien, elles ont la particularité de flotter grâce à leur structure en roseau. Chaque famille construit son île, c’est un véritable village flottant qui s’est formé au fil du temps.

À 10h30, un taxi vient nous chercher à notre hostel et nous dépose sur les rives du Lac Titicaca où Lorenzo nous attend sur sa petite lancha, avec un grand sourire.

Nous naviguons une vingtaine de minutes pour arriver sur son île. Une fois arrivés, il nous montre la cabane où nous allons passer la nuit, qui, comme tout ici, est faite de roseaux

Il nous fait ensuite une présentation du lac Titicaca puis de la structure de son île à l’aide de quelques objets miniatures.

En épaisseur, l’île est composée d’ 1 m 50 de racines de roseau enchevêtrées dans leur terreau (qui contient beaucoup d’oxygène, permettant la flottabilité) et d’1 m 50 de roseaux secs empilés. Tous les 7 mois Lorenzo doit remettre une couche de 50 cm de roseaux sur toute son île car elle s’affaisse petit à petit. Des cordes amarées à des poteaux fixés au fond du lac tiennent l’île, sinon celle-ci serait emportée par le vent !

Depuis plus de 500 ans, des Aymaras vivent sur ces îles en roseaux, de générations en générations. Lorenzo est né ici et a construit lui-même son île pour sa famille. Il a 4 enfants et des petits enfants. Il vit ici aussi avec ses frères et sœurs, nièces et neveux. L’île n’est pourtant pas si grande ! Depuis 2 ans seulement il offre la possibilité aux touristes de passer une nuit sur son île et de leur faire découvrir ce milieu atypique dans lequel ils vivent. 

Pour le déjeuner, nous avons droit à une belle truite du lac et pour la première fois de sa vie, Joanna la mangera entière ! Ce voyage est en train de la transformer… 

Après avoir pris possession des lieux, Lorenzo nous emmena faire un tour dans sa « Mercedes » comme il dit ! Il s’agit d’un bateau à deux étages, fait de roseaux évidemment. On enfile les habits traditionnels et c’est parti !

Dans l’après-midi, nous visitons l’école primaire des îles flottantes, où 70 enfants se rendent chaque jour.

Il y a également un jardin d’enfants pour les petits de 4 à 5 ans.

Plus tard dans l’après-midi, nous allons « pêcher » (un bien grand mot !) avec un filet en très mauvais état. On se demande comment des poissons peuvent être pris au piège… le verdict sera pour demain matin !

Lorenzo en profita pour nous apprendre à couper du roseau à la faux (pas si facile) !

La dernière activité de la journée consistera à fabriquer des minis bateaux en roseau, qu’ils appellent les « romantic taxis » ! 

Ce n’est pas si évident que ça en a l’air, mais Lorenzo et sa femme Maria maîtrisent parfaitement ce savoir-faire, qui est d’ailleurs le même que pour les bateaux de taille réelle !

En même temps, Maria nous montre son magnifique travail de couture : des tapis représentant leur famille sur l’île. Elle fait tout elle-même, même le dessin, et cela lui prend beaucoup de temps. Nous craquons et lui en achetons un  !

Après le repas nous filons nous coucher, il est 20h. La nuit va être très fraîche, Lorenzo nous prépare des « bouillottes » à l’aide de bouteilles en plastique. C’est ce qui nous sauvera de cette nuit à 4 degrés dans notre cabane en roseaux ! 

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Dimanche 12 mai 

La nuit fut très fraîche, comme prévu. Nous avons passé des heures à grelotter (surtout Joanna, grande frileuse) malgré les bouillottes, avant de pouvoir fermer l’œil. On se demande comment nos hôtes font pour dormir dans ces conditions toute l’année… car ici, ce n’est pas encore l’hiver !

À 6h30 nous partons avec la lancha pour sortir notre filet de pêche, on est septiques… Finalement, 2 petits carachis se sont fait prendre au piège !

Lorenzo a deux bassins sur son île pour y mettre les poissons. Il les garde jusqu’à ce qu’il y en ait suffisamment pour en faire une fricassée pour toute la famille !

Après le petit déjeuner, nous filons faire nos sacs avant de reprendre la lancha qui nous emmènera sur les rives du lac Titicaca. Avant de partir, Maria nous offre gentiment 2 autres mini bateaux (romantic taxis !) qu’elle a confectionnés. 

En attendant Lorenzo, nous profitons des lieux une dernière fois 🙂

On est tristes de quitter Lorenzo et Maria. Tristes de réaliser qu’ils ont vécu dans ces conditions toute leur vie et qu’ils ne sont jamais sortis de leurs îles flottantes pour découvrir les merveilles de leur pays. Nous sommes cependant très heureux de les avoir rencontrés et d’avoir partagé un bout de leur quotidien, une vie hors du commun rythmée entre pêche, artisanat et tourisme. Une expérience inoubliable !

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De retour à Puno, nous prenons rapidement un bus vers l’ouest, direction la jolie ville d’Arequipa !

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