Ushuaïa : el fin del mundo !

Dimanche 17 février 

Après quelques heures d’avion et quelques escales, nous arrivons au bout du monde… USHUAÏA ! Dernier point de civilisation avant l’Antarctique, cette ville a quelque chose de spécial. Dominée par quelques sommets enneigés dont le Cerro Martial et son glacier, Ushuaïa se taille une place entre l’océan et les pentes enneigées.

 

C’est ici que commence notre grande traversée de l’Amérique du Sud. Après un bilan carbone plutôt mauvais durant les deux premières semaines, nous allons maintenant privilégier le bus pour parcourir la Cordillère des Andes. 

Excités comme des gosses, nous descendons de l’avion. L’aéroport, tout en bois, plaît déjà à Joanna : c’est dans la poche ! 

C’est dans une petite auberge de jeunesse à l’ouest de la ville que nous posons nos sacs pour 4 nuits. 

À première vue, Ushuaïa n’a pas grand chose pour séduire : architecture très aléatoire (les maisons bardées de tôles, sont toutes plus biscornues les unes que les autres) et météo capricieuse. Mais tous ceux qui font le voyage jusqu’ici viennent pour la même chose : la nature environnante. 

Nous passons la fin d’après-midi à sillonner les rues d’Ushuaïa (enfin plutôt LA rue centrale, ce n’est pas très grand !), à comparer les excursions proposées par les agences. A défaut de pouvoir faire une croisière en Antarctique à 10 000 USD, nous nous rabattons sur une excursion sur le canal de Beagle pour le lendemain, qui s’annonce être une journée ensoleillée.

Centre ville d’Ushuaïa : 21h

On a froid ! Le climat ici n’est pas du tout le même qu’à Buenos Aires. Le vent souffle fort et les températures avoisinent les 5 degrés… imaginez le choc après les 25-30 degrés que nous avons eus quelques heures auparavant !

Nous nous endormons les étoiles plein les yeux, avec cette sensation très étrange d’être au bout du continent, entourés par les océans…

 

Lundi 18 février 

La journée s’annonce magnifique. Sans trop tarder, nous dévorons notre petit déjeuner et sautons dans un taxi direction le port. 
Nous partageons la course avec deux australiens bien sympathiques (un père et son fils) de notre auberge, en voyage pour quelques semaines en Patagonie. Ils seront de la même expédition que nous aujourd’hui. Puis, dans la file d’attente pour le bateau, nous faisons la connaissance de Blandine et Mickaël, deux frenchies vivant à Londres, dans la région pour quelques temps aussi.

On s’aperçoit que nous avons à peu près tous le même itinéraire sur les prochaines semaines et que l’on a des chances de se croiser à nouveau ! 

10h : Le bateau s’éloigne en nous laissant une magnifique vue sur la baie d’Ushuaïa. 

Ça y est : nous sommes en plein cœur du canal de Beagle ! 
Ce canal porte le nom du navire britannique, protagoniste de deux expéditions qui pour la première fois ont étudié profondément la région, au début du 19ème siècle. Durant la première mission, le commandant du Beagle Pringle Stokes se suicide, et fut remplacé par Robert FitzRoy. C’est lors de la seconde mission (1831-1836) que ce dernier emmena à bord le scientifique Charles Darwin, lui donnant ainsi l’occasion de faire ses preuves en tant que naturaliste amateur.

Nous ralentissons à la vue d’un premier îlot où des centaines d’oiseaux ont élu domicile. Cormorans, fous, mouettes, albatros et autres volatiles s’égayent dans un tintamarre indescriptible.

Le phare Les Éclaireurs

Le vent souffle fort, nous sommes en plein milieu du canal, l’Antarctique droit devant nous (mais on ne le voit pas !) et on manque de perdre nos mains à chaque fois que l’on sort notre appareil photo pour immortaliser ces moments magiques… 

Nous voguons vers le prochain îlot, où cette fois une colonie de lions de mer se prélassent sur les rochers tiédis par le soleil.
Les uns jouent dans l’eau, d’autres chassent, des mères câlinent leurs petits et certains mâles mettent en avant leur dominance en poussant d’horribles grognements. Mais la majeur partie d’entre eux sont affalés comme des loques : c’est apparemment l’heure de la sieste ! 
C’est avec les yeux écarquillés et le sourire en coin que nous assistons à ce spectacle unique.

Ces animaux ne sont ni beaux ni raffinés, mais Joanna arrive à les trouver mignons dans certaines poses…

3ème arrêt : l’île Martillo, surnommée l’île aux pingouins. Mais attention : à votre avis, s’agit-il de PINGOUINS ou de MANCHOTS ?
On vous laisse réfléchir…

Moutons ou pingouins ?

Quelques recherches plus tard, nous apprendrons qu’il s’agit de manchots et non de pingouins ! Les pingouins vivent uniquement dans l’hémisphère NORD alors que les manchots vivent dans l’hémisphère SUD.

La confusion vient en partie du fait de sa parenté étymologique. Effectivement, en anglais le mot manchot se dit « penguin », en espagnol « pingüino », en italien « pinguino », en allemand « Pinguin »…

Quelles différences y a-t-il entre un pingouin et un manchot ? 

Les pingouins, beaucoup plus petits que les manchots, peuvent voler. Ils ressemblent davantage à des oiseaux. 

Quant aux manchots, ils ne peuvent pas voler, leurs ailes leur servent de nageoires, ils sont d’ailleurs connus pour être d’excellents plongeurs et chasseurs ! Rapides et agiles, nous les voyons évoluer à travers l’eau claire de la baie. En revanche, sur la terre leur démarche les rend quelque peu ridicules ! A chaque pas, ils manquent de trébucher, et quand ils courent… c’est la catastrophe assurée !

Je reviens les gars je vais faire les courses !
On se mouille d’abord la nuque ok ?

Il existe de nombreuses espèces de manchots, les plus connues sont : le manchot empereur (comme dans le magnifique film de Luc Jacquet) qui peut mesurer jusqu’à 1m20 et peser jusqu’à 40 kg, le manchot de Magellan (comme ceux que nous avons vus), ou encore le manchot de Humboldt.

Pour notre dernière étape, notre bateau accoste à 90 km à l’est d’Ushuaïa, dans une « Estancia » (vaste exploitation agricole d’Amérique du sud) : l’estancia Harberton. Celle-ci se trouve dans une crique à l’abri du vent. 

En quelques lignes nous allons vous raconter son histoire…

Thomas Bridges était le fils adoptif d’un pasteur anglican affecté à la mission des îles Malouines en 1856. Il connu alors la région lorsqu’il était enfant. Thomas Bridges fut donc le premier blanc à pouvoir communiquer avec les autochtones. Il créa même un dictionnaire de plus de 30 000 mots. Il se chargea de christianiser les indiens Yamanas du canal de Beagle. 

Quand les argentins prennent la souveraineté des lieux en 1884, il renonce à la mission et demande l’autorisation au gouvernement argentin de fonder une ferme d’élevage de 20 000 hectares, 90 km à l’Est de Ushuaïa : l’estancia Harberton, fondée en 1886, soit 60 ans après le voyage de FitzRoy et de Charles Darwin. Il y vécut de belles années avec sa femme et ses 6 enfants. 
L’estancia Harberton a été la première du canal de Beagle, et la première à introduire l’élevage en Terre de feu.

Aujourd’hui, les générations 4, 5 et 6 des descendants de Thomas Bridges vivent encore sur place. 

Premier bateau construit à l’estancia, par un des fils de Thomas Bridges

Si vous voulez en connaître davantage sur cette histoire, elle est apparemment très bien racontée par le fils de Thomas Bridges, Esteban Lucas Bridges, dans son livre « Aux confins de la Terre, une vie en Terre de feu ».

Lors de la visite d’un atelier, la guide nous montre cet ancien appareil, datant du début du 20ème siècle. À votre avis, de quoi s’agit-il ?

Il s’agit en réalité d’une machine à laver ! On peut apercevoir le tambour et la manivelle…

Nous visitons les lieux ainsi qu’une partie de la forêt voisine. La guide nous apprend à reconnaître quelques variétés d’arbres et nous explique comment les peuples autochtones se débrouillaient pour survivre pendant l’hiver dans ce no man’s land.

14h : nous prenons le repas à l’estancia en compagnie de Blandine et Mickaël.

Nous finirons par la visite du petit musée maritime, qui abrite les squelettes de nombreux cétacés échoués sur les côtes de la région. Leur taille est impressionnante, on se sent vraiment petits et on se dit que nous n’aimerions pas les croiser pendant une baignade… Mais ça tombe bien, ce n’est pas au programme !

Sur le chemin du retour, nous nous écartons un peu pour ramasser quelques os de baleine ou autre grand cétacé… nous sommes très fiers de notre trouvaille ! 

16h : notre excursion touche à sa fin, il est temps de reprendre le bus jusqu’à Ushuaïa !

Ce fut une magnifique journée, riche en découvertes ! 

 

Mardi 19 février 

 

Ça y est, le mauvais temps est arrivé, pluie et vent mêlés, nous prenons pleinement conscience du climat qui règne en Patagonie quasiment toute l’année… 
Pourtant, nous sommes à la fin de l’été austral. Nous n’osons pas imaginer les hivers ici…!

 

De ce fait, nous ne savons pas trop comment organiser notre journée, sachant qu’ici le temps a pour réputation de changer très vite. Nous finissons par choisir de faire la randonnée qui va jusqu’à la Laguna Esmeralda : un lac couleur émeraude au cœur des montagnes, dont on avait entendu parler. 

 

Nous partons en fin de matinée. Notre chauffeur de minibus prend et dépose des passagers ici et là, nous mettons une bonne heure à rejoindre le début du sentier.

Nous partons enfin. Le paysage est magnifique malgré la grisaille du ciel, forêts primaires et prés fleuris sont traversés par des torrents dont l’eau est d’une couleur bleu ciel opaque. 

Quelques minutes plus tard, sous la pluie, nous croisons le père et son fils australiens, rencontrés la veille, et discutons de la météo. C’est drôle de croiser des gens que l’on « connaît » ici !

À ce moment-là nous ne nous doutions pas de ce qui nous attendait. Plus nous montons, plus la pluie est au rendez-vous. Par endroit, nous avons de la boue jusqu’aux chevilles. Plus haut, nous devons traverser un champ dont la pluie abondante a transformé le sol en tourbe. C’est comme si nous marchions sur une éponge imbibée d’eau et de boue, de la taille d’un terrain de foot. Nous relativisons en voyant les autres galérer autant que nous. On essaie de voir le côté positif des choses : c’est un bon moyen de tester nos équipements avant le trek de 5 jours qui nous attend la semaine prochaine !

C’est en arrivant que la pluie cessa, et nous découvrons la lagune, magnifique, surplombée par une falaise enneigée. Pas un bruit ne perturbe le calme des lieux, seuls quelques rapaces tournoient au-dessus de nos têtes. Nous prenons conscience de la beauté des lieux et oublions vite nos sandwichs humides et nos chaussettes trempées.

Laguna Esmeralda

Nous profitons de l’accalmie pour prendre quelques oiseaux en photo. 

Un caracara Chimango

En redescendant, nous admirons la vue sur la vallée, mais attendons avec impatience le retour au sec !




Mercredi 20 février 

Ce matin, le ciel nous déverse toujours sa colère, mais nous décidons pour notre dernier jour d’aller nous balader dans le Parc Tierra del Fuego. Dernier bout de terre avant le célèbre Cap Horn, fin de la route Panaméricaine qui débute en Alaska, cet endroit a quelque chose de mythique. 

Les gouttes d’eau ruissellent sur nos imperméables, mais c’est d’un pas certain que nous explorons ce bel endroit. Nous croisons sur notre chemin de nombreux oiseaux et oies sauvages (pas si sauvages que ça !) appelées aussi Caiquen ou Ouettes de Magellan.

Le Parc National Terre de feu a été créé en 1960. Il se trouve au Sud Ouest de la région portant le même nom, longeant la frontière avec le Chili. Il protège l’extrémité australe de la Cordillère des Andes.
Le climat de la région est tempéré-froid, humide et sans saison sèche, il varie peu durant l’année. Les températures moyennes sont faibles : en hiver elles avoisinent 0 degré et en été elles ne dépassent pas les 10 degrés.

Un peu d’histoire…

Dans le parc national ainsi que sur la grande île de la Terre de feu, des traces de présence humaine on été retrouvées : celles des indiens Yamanas. Elles dateraient d’il y a environ 10 000 ans. Les indiens Yamanas installaient leur campement sur les plages et profitaient ainsi des ressources de la mer.
La disparition de ce peuple a un rapport direct avec l’arrivée des premiers colons nationaux et européens vers 1880. Parmi les causes de l’extinction de cette culture on trouve : les épidémies, mais aussi apparemment le « tir libre » pratiqué par les explorateurs européens et l’empoisonnement perpétué par les colons et les chasseurs de lions de mer pour agir plus librement. Les chiffres sont édifiants : parmi les 3 000 Yamanas recensés à l’arrivée de la colonisation, seul un tiers vivait encore dix ans après (en 1890) et vers 1910 ils étaient moins d’une centaine.

La pluie tombant en continu, nous terminerons la journée à visiter le musée maritime d’Ushuaïa et la prison.

La prison d’Ushuaïa, construite en 1904

Notre séjour à Ushuaïa se termine ici, nous prenons la route le lendemain jusqu’à Punta Arenas puis Puerto Natales au Chili : point de départ de notre trek de 5 jours.

PS : on commence à accumuler les tampons sur nos passeports, et ça nous plait 🙂 

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8 réflexions sur “Ushuaïa : el fin del mundo !

  1. Textes captivants et photos soignées, chapeau bas! J’ai ressenti le grand air, l’impression de bout du monde et je me suis explorateur rien qu’en vous lisant. Je vous souhaite le meilleur pour cette aventure!

    Aimé par 1 personne

    • Merci beaucoup Lénaic ! Cela nous motive vraiment de savoir que l’on fait voyager un peu nos lecteurs 🙂
      J’espère que tout va bien pour toi. À bientôt !

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  2. Ciao bobo j’espère vous allez bien , est ce que ils font des sandwiches là bas ?? Appel
    Nous si ils on besoin et envois nous de souvenirs de la Colombie on vous embrasse fort bisous 😘

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  3. votre blog que je viens de decouvrir est excellent…
    le hasard a fait que nous etions ds la region en mm temps que vous…incroyable
    et en vous lisant toutes les magnifiques images du voyage passent devant mes yeux..les fjords…les estencias…le glacier PioXI.. et le parc Torres del paine…
    La Patagonie on en revient pas indemne..
    bonne continuation…

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